La terre d'Anetum
est mentionnée au début du XIIe siècle
dans un cartulaire de l'abbaye Saint-Père-en-Vallée
de Chartres. Philippe Auguste en détenait la forteresse
vers 1207, au moment où fut compilée la liste
de ses possessions connue sous le nom de Scripta de feodis
(Registre des Fiefs). Propriété du roi de Navarre
Charles le Mauvais, Anet fut entièrement détruit
par Charles V en 1378. Charles VII donna la seigneurie à
son compagnon d'arme Pierre de Brézé en 1444,
pour services rendus dans la lutte contre les Anglais. Son
fils Jacques y reconstruisit un manoir à compter de
1470. Mais Anet connut une destinée exceptionnelle
grâce à la célèbre Diane de Poitiers.
Veuve de Louis de
Brézé, cette femme remarquable prit très
tôt un ascendant considérable sur le jeune prince
Henri, second fils du couple François Ier - Claude
de France. La légende place leur rencontre dans la
galerie de Psyché du château d'Ecouen,
sous les bons auspices du connétable Anne de Montmorency.
Lorsque son frère aîné mourut, en 1536,
Henri devint dauphin de la couronne de France. Il accéda
au trône en 1547, et conserva, malgré son mariage
avec Catherine de Médicis, la même passion à
l'endroit de la belle Diane, pourtant âgée de
25 ans de plus que lui. Diane pesa lourdement sur la politique
française durant toute la vie du monarque, et obtint
des subsides importants afin de lancer les chantiers de Chenonceaux
et d'Anet.
La mort accidentelle
d'Henri II lors d'un tournoi à Paris en 1559, priva
Diane de Poitiers son royal amant et la livra à la
haine d'épouse bafouée que lui vouait Catherine
de Médicis. La reine l'obligea à échanger
Chenonceaux qu'elle aimait tant, contre Chaumont-sur-Loire.
Diane se retira à Anet, où elle mourut en 1566.
Son corps fut déposé en la chapelle castrale,
sous un tombeau probablement achevé par Pierre Bontemps
en 1577.
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Le château
passa aux Vendôme en 1615. Ils y firent de nombreux
travaux, modifiant notamment les façades et supprimant
la galerie entourant les jardins. A la Révolution,
il était aux mains de Louis Jean-Marie de Bourbon.
Ce prince aimé ne fut guère inquiété
par la tourmente et acheva paisiblement son existence en mars
1793. Sa fille, Louise Marie-Adélaïde de Bourbon,
épouse de Philippe Egalité (Louis-Philippe Joseph
d'Orléans, père de Louis-Philippe et qui vota
la peine de mort à l'encontre de Louis XVI) n'eut pas
la même chance et monta sur l'échafaud en novembre
1793. Ses propriétés furent aussitôt confisquées
et le tombeau de Diane de Poitiers subit des profanations.
Inscrit sur la liste
des biens nationaux, Anet fut cédé aux sieurs
Driancourt et Baudoin en 1798 pour la somme de 3 200 000 francs.
Eux-mêmes le revendirent par morceaux à des banquiers
peu scrupuleux : Ramsden et Herigoyen. Ces " brillants
esthètes ", n'ayant rien à envier au "
subtil " Jean-Baptiste Lefort de Jumièges,
entamèrent la destruction du palais dès 1804.
Les dévastations s'interrompirent en 1811, à
la suite d'un litige survenu entre les contremaîtres
et les ouvriers du chantier. Mais des dégâts
irréparables avaient déjà été
commis. La chapelle fut dotée d'une nouvelle façade
en 1840. Les premiers travaux de restauration datent de cette
époque.
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