Les origines :
Le site est occupé
depuis l'époque gauloise. Les Turons, peuple celte
sédentarisé dans la région, y possèdent
un oppidum. Saint Martin y établit une église
au IVe siècle de notre ère. L'évêque
Grégoire de Tours, dans son Historia Francorum (Histoire
des Francs) évoque le vicus Ambaciensem, territorii
urbis Turonicae (village d'Amboise, sur les territoires de
la ville de Tours). Il place à proximité une
entrevue entre Clovis I (476-511) et le roi des Wisigoths
Alaric II (484-507). La Loire marque alors la limite entre
leurs deux états. Dans le vocabulaire de ce temps,
le terme vicus désigne une petite agglomération,
un gros bourg sans fonction administrative précise.
La seigneurie d'Amboise
est confiée par Charles le Chauve (841-877) à
un certain Aymon, puis par son fils Louis II le Bègue
(877-879) à Ingelger, ancêtre des comtes d'Anjou.
Foulques III Nerra (987-1040), descendant de ce dernier, y
bâtit au moins une forteresse, pour verrouiller la Loire
en amont de la ville de Tours. Il semble cependant que plusieurs
forteresses coexistent plus ou moins pacifiquement sur le
site pendant la première moitié du XIe siècle.
La maison de Blois, rivale de celle d'Anjou, obtient la suzeraineté
de la place en 1050. Amboise demeure dans la même puissante
famille, jusqu'à sa confiscation en 1434 par le roi
Charles VII (1422-1461). Louis XI (1461-1483) boude quelque
peu les lieux, préférant notamment son paisible
manoir du Plessis-les-Tours.
L'âge d'or
:
Son fils Charles
VIII, en revanche, est né et a grandi à Amboise.
Il décide dès 1489 la construction d'un palais
conforme à son rang et aux nouveaux goûts, largement
influencés par la Renaissance italienne. Plusieurs
années s'avèrent nécessaires pour réunir
les fonds et les travaux ne débutent qu'en 1492. Le
jeune monarque trouve la mort dans son beau château
encore en chantier le 7 avril 1498, en heurtant du front un
linteau de porte. Philippe de Commynes raconte la fin peu
glorieuse de celui qui prétendait régner sur
la France et l'Italie du Nord : " Et entrerent ensemble
en une gallerie, rompue a cause des ouvraiges, que on appeloit
la gallerie de Hacquelebac, pour ce que cestui la l'avoit
autrefoiz, eu en sa garde. Et estoit le plus deshonneste lieu
de ceans, car tout le monde y pissoit et estoit rompue. Et
a l'entree se hurta le front contre l'huys, combien qu'il
fust bien petit. " Le roi poursuit comme si de rien,
puis est pris d'un malaise vers deux heures de l'après-midi.
Il reste étendu en cet endroit malodorant plusieurs
heures et expire peu avant minuit.
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Le château
n'en a pas pour autant terminé avec les fastes princier.
Louis XII, qui réside à Blois, le donne dès
1501 au jeune François d'Angoulême, son plus
proche parent. Il est donc, en l'absence d'héritier,
son successeur potentiel. François y passe une bonne
part de son enfance, à jouer en compagnie de Robert
de Marck, seigneur de Fleurange (le Jeune Aventureux), Philippe
Chabot de Brion, Anne de Montmorency (voir Ecouen,
La Fère-en-Tardénois
) et Marin de Montchenu. Il ne quitte Amboise que pour aller
vivre à Blois, auprès du roi. Sa mère,
Louise de Savoie, consigne dans son journal : " le 6
d'aoust 1508, du temps du roy Louis XII, mon fils partit d'Amboise
pour être homme de cour, et me laissa toute seule. "
François, devenu roi en janvier 1515, séjourne
encore régulièrement à Amboise jusqu'en
1518. Le prince à la salamandre installe au Clos-Lucé,
non loin de là, le vieux Léonard de Vinci qu'il
a ramené après sa première campagne d'Italie
en 1515. C'est là que le savant décède,
le 2 mai 1519.
Bain de sang et décadence
:
Amboise connaît
un épisode particulièrement sanglant au commencement
des guerres de Religion. Les premières persécutions
contre les luthériens ont débuté au temps
de François Ier, mais elles n'ont pas empêché
la religion réformée de conquérir de
nouveaux adeptes en France, même chez les plus hauts
personnages du royaume. En mars 1560, le roi François
II séjourne au château d'Amboise. Inspiré
par Louis Ier de Bourbon, prince de Condé, un complot
se noue dans les milieux protestants pour enlever le roi,
et ainsi le soustraire à l'influence des ultra-catholiques
Guise. La conjuration est emmenée par un obscur gentilhomme
périgourdin nommé La Renaudie. Un certain Linière
dénonce les projets des rebelles. Le 17 mars 1560,
les conjurés mal préparés lancent un
assaut sur Amboise, vigoureusement repoussé. La répression
qui s'ensuit est féroce. Un témoin protestant
déplore : " Plusieurs jours durant, pendant tout
un mois, furent employés à couper des têtes,
à pendre et à noyer. "
Le château
n'est plus désormais qu'une résidence de second
ordre. Donné par Louis XIII à son frère
Gaston d'Orléans (voir Blois,
Chambord), rebelle invétéré,
il est pris en 1631 par les armées royales et partiellement
démantelé. Il fait ensuite fonction de prison
d'état et " héberge " notamment le
célèbre surintendant Fouquet, après que
Louis XIV l'ait fait arrêter. Le monument subit de nombreuses
mutilations au XIXe siècle. Abd el-Kader y est enfermé
de 1848 à 1852. Il revient tardivement à la
famille de feu le comte de Paris. Henri de France le donne
à la fondation Saint Louis qu'il a créée
pour la sauvegarde du patrimoine français.
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