Les extérieurs
:
Du château
médiéval subsiste essentiellement le gros donjon
cylindrique bâti dans la première moitié
du XVe siècle. La tour imposante, même aux premières
heures de la Renaissance, constituait encore dans l'esprit
commun un signe de puissance. C'est sans doute la raison pour
laquelle Thomas Bohier et son épouse, Catherine Briçonnet,
gardèrent ce vestige des anciens temps. Elle trône
à l'angle sud-ouest de la terrasse précédant
le palais du XVIe siècle. A noter qu'elle fut toutefois
copieusement modifiée et porte les initiales TBK (Thomas
Bohier et Katherine).
La partie la plus
ancienne du palais (outre le donjon) est constituée
d'un pavillon rectangulaire érigé sur les soubassements
de l'ancien moulin banal, directement plantés dans
le lit du Cher. Il est cantonné aux angles de tourelles
cylindriques en encorbellement. Sur la façade orientale,
la librairie et le chevet de la chapelle forment saillie.
L'ensemble reste cependant d'une grande symétrie et
d'une parfaite harmonie. Derrière ce corps principal
s'étire le pont-galerie, commencé par Diane
de Poitiers et achevé par Catherine de Médicis.
Il s'élève sur trois niveaux, le dernier étant
sous combles percés de lucarnes. Diane fit également
installer une grande terrasse rectangulaire portant un magnifique
jardin vers le levant. L'ensemble est cerné des eaux
de plusieurs canaux et de celles du Cher.
Chenonceau est un diamant serti dans un site naturel de premier
ordre, avec les ondes paisibles du Cher pour miroir éternel
et les frondaisons d'arbres séculaires comme écrin
de verdure. Le vol du temps, selon le vu du poète,
y est suspendu depuis des lustres.
|
Les intérieurs
:
Les murs portent
de nombreuses tapisseries, des toiles de maîtres et
chaque pièce abrite un riche mobilier ancien.
Dans les soubassements
de l'ancien moulin furent installées les cuisines et
diverses pièces réservées à l'office.
Un petit accès donnant sur le Cher permettait d'alimenter
le château depuis la rivière.
Au rez-de-chaussée,
un long vestibule forme un couloir. Il est couvert de curieuses
voûtes d'ogives dont les clefs ne sont pas alignées.
Les liernes dessinent donc une longue ligne brisée
particulièrement originale. Ce vestibule dessert notamment
la salle des Gardes, la chambre de la favorite Diane de Poitiers
et le cabinet Vert de Catherine de Médicis. De cet
endroit, l'omnipotente reine prit maintes décisions
concernant le gouvernement de la France. Au rez-de-chaussée
également, nous trouvons la chapelle castrale, de style
encore gothique. Elle perdit malencontreusement ses vitraux
d'origine durant la Seconde Guerre Mondiale. Enfin, au même
niveau, se situe la vaste salle de bal dressée sur
le pont enjambant le Cher. Longue de 60 m et large de 6 m,
elle reçut un magnifique dallage à damier alternant
le tuffeau (blanc) et l'ardoise (noire). Le plafond laisse
apparaître les solives du plancher du niveau supérieur.
Pas moins de 18 larges fenêtres y laissent de part et
d'autre pénétrer la lumière du jour.
Achevée en 1577, elle fut inaugurée la même
année en présence de Henri III et de son épouse,
Louise de Vaudémont-Lorraine.
Les étages
supérieurs sont desservis par l'un des tous premiers
escaliers à rampes droites de l'architecture françaises.
Ces rampes sont disposées les unes sur les autres.
Les escaliers de Chenonceau témoignent de la pénétration
précoce de l'art italien en France. Ils sont antérieurs
de quelques années à ceux d'Azay-le-Rideau.
Le premier étage possède également un
vestibule/couloir, dit " vestibule de Catherine Briçonnet
", couvert par le plancher à solives de l'étage
supérieur. S'articulent autour de ce lieu de passage
obligé, la chambre de Catherine de Médicis avec
son cabinet des Estampes, la chambre de César de Vendôme
(fils du roi Henri IV et de sa favorite Gabrielle d'Estrée),
la chambre de Gabrielle d'Estrée, et pour finir la
chambre des cinq reines, toutes filles ou belles-filles de
Catherine de Médicis ayant séjourné à
Chenonceau : la reine Margot (fille de Henri II et de Catherine
de Médicis, épouse de Henri IV), Marie Stuart
(épouse de François II, décapitée
sur ordre de la reine d'Angleterre Elizabeth I en 1587), Elisabeth
d'Autriche (Fille de Maximilien II de Habsbourg et épouse
de Charles IX), Elisabeth de France (fille de Catherine de
Médicis et de Henri II, épouse du roi d'Espagne
Philippe II) et Louise de Vaudémont-Lorraine (épouse
de Henri III).
Le premier niveau
du pont-galerie abrite une seconde grande salle.
Le dernier étage abrite notamment un vestibule restauré
au XIXe siècle par un disciple d'Eugène Viollet
le Duc, et surtout la chambre de Louise de Vaudémont.
C'est là que la reine éplorée passa le
reste de sa vie à prier pour le repos de l'âme
de son époux, le roi Henri III. Le plafond est décoré
de motifs macabres rappelant la douleur de la jeune femme.
Il existait à la Renaissance, logeant sous les combles
du pont galerie, une petite communauté de moniales
capucines.
|