Les origines :
Le village de Chenonceaux
est attesté dès le XIe siècle. Durant
la majeure partie de la période médiévale,
il est la propriété de la famille Des Marques.
Un petit manoir, sans doute sommairement fortifié,
y existe au XIIIe siècle, à proximité
d'un moulin banal. En 1414, le roi Charles VI, ou plus exactement
ceux qui exercent le pouvoir en lieu et place de ce souverain
fou, ordonnent de détruire Chenonceaux pour rébellion
à l'ordre et à la volonté royales.
Après un retour
en grâce, Jean des Marques fait construire à
compter de 1432 une forteresse plus vaste. Il en demeure le
donjon cylindrique à l'avant de l'actuel palais Renaissance.
Mais la famille se trouve bien vite dans des difficultés
pécuniaires et est obligée de céder progressivement
son domaine au financier Thomas Bohier (1512). Bohier a acquis
une immense fortune au service des rois Charles VIII, Louis
XII et plus tard François Ier. Il abat la forteresse
médiévale, à l'exception du donjon, et
lance à Chenonceaux, comme Gilles Berthelot à
Azay-le-Rideau, l'édification
d'un château conforme à l'esprit de la première
Renaissance française. Les travaux durent jusqu'en
1521, dirigés en large partie par Catherine Briçonnet,
épouse de Thomas Bohier. Les membres du couple ne profitent
que très peu de leur nouvelle demeure, puisqu'ils décèdent
respectivement en 1524 et 1526. Leur fils, Antoine Bohier,
hérite de leurs possessions. Mais la mémoire
de Thomas Bohier est mêlée à l'affaire
Semblançay (1527) et Antoine, pour rembourser les dettes
de son père à l'égard de la monarchie,
se voit contraint de céder Chenonceaux à François
Ier.
Le château
des Dames :
L'avènement
du roi Henri II (1547), marque un tournant dans l'histoire
de Chenonceaux. Le roi est épris depuis de très
longues années de la splendide Diane de Poitiers, de
20 ans son aînée. Il comble immédiatement
sa favorite de dons somptueux, lui baillant notamment les
fonds pour transformer Anet.
Il lui octroie en outre le château de Chenonceaux avec
ses dépendances. Diane n'aura de cesse d'embellir son
domaine et son palais, destiné à abriter ses
amours princières. Elle y fait notamment tracer un
jardin par Pacello da Mercoliano et lance sur le Cher un pont
(dans l'esprit de celui que l'on trouve à La
Fère-en-Tardénois), dont elle confie la
réalisation à Philibert Delorme (Fontainebleau
et Anet). La mort accidentelle
de Henri II en 1559, prive la duchesse de Valentinois de son
royal soutien. La reine veuve, Catherine de Médicis,
qui la considère comme une " catin ", selon
ses propres termes, l'oblige à restituer Chenonceaux.
Il est toutefois à noter qu'il ne s'agit pas là
d'une spoliation pure et simple, puisqu'elle lui donne en
échange le château de Chaumont-Sur-Loire.
Catherine fait surmonter le pont d'une galerie à deux
étages et lui donne son aspect actuel. La nouvelle
salle de bal est inaugurée dans le faste en présence
du roi Henri III en 1577.
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Tous les grands du
royaume passent un jour ou l'autre par Chenonceaux, à
commencer par François II et son épouse, Marie
Stuart, Charles IX et sa femme, Elisabeth d'Autriche, et donc
Henri III. C'est entre ces murs que le prince de Condé
nie sa participation à la conjuration d'Amboise de
1560. C'est aussi en ce lieu chargé d'histoire que
Jeanne d'Albret, reine protestante de Navarre, vient négocier
en 1571 le mariage de son fils Henri (futur Henri IV) avec
la princesse Marguerite de Valois (la reine Margot), fille
de Catherine et de Henri II.
Fin de l'époque
royale :
Le château
revient à la mort de Catherine de Médicis (5
janvier 1589) à Louise de Vaudémont-Lorraine,
épouse de son unique fils survivant, le roi Henri III.
Veuve après l'assassinat de son mari par le moine intégriste
Jacques Clément (2 août 1589), Louise s'y enferme
dans le deuil et la prière, jusqu'à son propre
décès en 1601. Chenonceaux passe entre les mains
d'une nièce de Louise, et c'est elle qui se chargera
de le transmettre à ses descendants. Il échoira
notamment à César de Vendôme, fils légitimé
du roi Henri IV et de sa favorite Gabrielle d'Estrée.
Le domaine est acquis en 1733 par la famille Dupin. Mme Dupin
aime à recevoir les grands esprits de son temps : Voltaire,
Montesquieu, Buffon ou encore Marivaux fréquentent
son salon. Le philosophe Jean-Jacques Rousseau en personne
est le précepteur du fils de la maison. De son expérience
d'éducateur naîtra le fameux Emile, ou le
traité de l'Education.
Une tradition tenace
affirme que Madame Dupin ôta au nom de Chenonceaux son
" x " final, afin de mieux marquer, sous la Révolution,
la rupture avec l'Ancien Régime. Aujourd'hui encore,
le village apparaît sur les cartes sous le nom de Chenonceaux
et le château sous celui de Chenonceau. Hôpital
militaire durant la Première Guerre Mondiale, il est
situé sur la ligne de démarcation en 1940 :
la moitié du pont galerie est en zone occupée
par les Allemands, l'autre en zone libre. Le site (parc et
château) est désormais l'objet de soins constants.
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