L'historien Grégoire
de Tours (VIe siècle) rapporte qu'après la mort
du roi Chilpéric Ier (584), les habitants de Blois
alliés à ceux d'Orléans entrèrent
en conflit avec les populations de Châteaudun et de
Chartres. Il y eut, semble-t-il, quantité de sang versé
de part et d'autre avant que l'affaire ne s'apaisât
sous l'égide des comtes locaux (alors simples fonctionnaires
royaux).
En 835, l'empereur
Louis le Pieux remit le comté de Blois à un
nommé Guillaume. " Blisum Castrum " (Le château
de Blois) fut ravagé par les Vikings en 854, puis confié
par Charles le Chauve (841-877) à la garde de Robert
le Fort (mort en 866), ancêtre des Capétiens.
La forteresse, sans doute reconstruite, passa au début
du Xe siècle à Thibault l'Ancien, vicomte de
Tours. Son fils aîné et successeur, Thibault
le Tricheur, sut par cautèle et coups d'épée,
accroître substantiellement l'héritage paternel.
A sa mort, en 977, il était maître des comtés
de Blois, Tours, Chartres, Provins et de la vicomté
de Châteaudun. Son petit-fils, Eudes II, récupéra
en prime la Champagne (1018) : les comtes de Blois figurèrent
désormais dans le cercle fermé des plus grands
seigneurs de France.
Anjou et Blois se
livrèrent une guerre terrible pendant près d'un
demi siècle. Geoffroi II Martel (Anjou) triompha finalement
de Thibault III (Blois-Champagne) en 1044. La Touraine bascula
alors définitivement dans le camp angevin.
Le comte Etienne-Henri
(mort en 1102) épousa l'une des filles du duc de Normandie
et roi d'Angleterre, Guillaume le Conquérant. Le fils
cadet de ce couple, Etienne, profita de la mort du roi d'Angleterre
Henri Beauclerc (1135) pour s'emparer de la Normandie et de
l'Angleterre au nez et à la barbe de Mathilde l'Emperesse,
héritière légitime du feu souverain.
Avec son mari, Geoffroi Plantagenêt, comte d'Anjou,
celle-ci entreprit la conquête de la Normandie (totalement
effective en 1144). Etienne de Blois mourut sans héritier
en 1154 et la couronne anglaise échut au fils de Geoffroi
et Mathilde : Henri Plantagenêt.
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La lignée
des comtes de Blois, privée de la Champagne depuis
la mort de Thibault IV (1151), devint ensuite une alliée
précieuse des rois de France qu'elle avait tant combattus
auparavant. Son dernier descendant, Gui II de Blois-Châtillon,
sans postérité, vendit Blois à Louis
d'Orléans, frère de Charles VI (1392). Louis
fut assassiné en 1407 à Paris. Son fils, Charles
d'Orléans, connut l'infortune à la bataille
d'Azincourt (1415) et passa 25 ans de captivité en
Angleterre. Il composa à cette époque nombre
de poèmes exprimant sa détresse et sa mélancolie.
De retour au pays (1440), il se tint relativement à
l'écart de toute action politique (à l'exception
du complot des princes en 1441) et constitua à Blois
le centre d'une vie culturelle et intellectuelle florissante.
Il initia un concours de poésie connu sous le nom de
" Concours de Blois ". François Villon s'y
illustra.
Son fils, Louis
d'Orléans, succéda sur le trône de France
au roi Charles VIII (1498). Il en épousa même
la veuve, la belle Anne de Bretagne. Louis XII et Anne firent
de Blois l'un de leurs séjours favoris, embellirent
et agrandirent le château. Les travaux furent poursuivis
sous François Ier. Claude de France, sa femme, y mourut
en 1524.
Mais l'épisode
le plus fameux survenu entre les murs du château de
Blois fut bien entendu l'assassinat du duc de Guise (1588),
sur ordre du roi Henri III (1574-1589). Henri avait réuni
un peu contraint et forcé une première fois
les Etats Généraux dans la grande salle du château,
dernier vestige de la forteresse du XIIIe siècle, en
1576. Il s'agissait de débattre sur l'interdiction
de la religion réformée. Le chef du parti catholique
intégriste (la Ligue) n'était autre que Henri
de Guise, dit le Balafré. On réclama l'élimination
du protestantisme : le roi fit la sourde oreille. Mais Henri
III se vit à nouveau obligé de convoquer les
Etats en 1588. Il décida cette fois d'éliminer
son dangereux rival, l'attira dans ses appartements et le
laissa massacrer par ses sicaires. Devant le corps inanimé
de son ennemi, le roi se serait exclamé : " Mon
Dieu qu'il est grand. Il est plus grand mort que vivant. "
Henri III subira le même sort quelques mois plus tard.
Le comté de
Blois fut alloué par Louis XIII à son frère
Gaston d'Orléans en 1626. C'est ce prince remuant qui
loua les services de l'architecte Masart afin d'ajouter une
aile classique au château.
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