Une capitale sans
roi
Le Louvre
médiéval est abandonné par les rois
de France depuis la mort de Charles VI, en 1422. L'occupation
anglaise a longtemps obligé Charles VII (1422-1461)
à vivre exilé dans le val de Loire, le Berry
ou le Poitou. Même après la reconquête
de la cité par les forces françaises (1437),
Charles ne séjourne guère dans une ville qu'il
juge incertaine et dangereuse. Ses successeurs, Louis XI (1461-1483),
Charles VIII (1483-1498) et Louis XII (1498-1515) suivent
sont exemple. Le premier réside surtout au Plessis-les-Tours
(Indre-et-Loire), favorise la contruction du Plessis-Bourré,
de Langeais
ou de Chaumont-sur-Loire.
Le second élève Amboise.
Le troisième s'intéresse plutôt à
Blois. François Ier
ne déroge pas à la " règle ligérienne
" dans un premier temps, et sous son règne s'élèvent
notamment Azay-le-Rideau
et Chambord. Mais le
prince à la Salamandre se rapproche doucement de Paris,
s'intéresse à Fontainebleau,
Saint-Germain-en-Laye
et Villers-Cotterêts
pour la proximité de forêts giboyeuses. Il veut
également dans sa capitale une résidence digne
de son rang.
Le Louvre Renaissance
Dès 1527,
il effectue des séjours fréquents à Paris
et décide de raser patiellement le Louvre médiéval.
Le donjon est abattu en 1528. En 1546, on démolit l'aile
ouest pour bâtir, sous la baguette de Pierre Lescot,
un bâtiment conforme à l'esprit du temps. Le
roi Henri II (1547-1559) surveille personnellement l'avancement
des travaux dès son avènement. Le sculpteur
Jean Goujon signe les décorations. L'aile Lescot, le
pavillon du Roi et l'aile Sud sont achevées, avec notamment
la fameuse salle des Caryatides et les appartements royaux.
L'épouse d'Henri II, Catherine de Médicis, n'aime
cependant pas habiter au Louvre. Elle confie en 1564 à
Philibert Delorme, qui s'est particulièrement illustré
à Anet, le soin d'établir
les plans du nouveau palais des Tuileries, à quelques
centaines de mètres vers l'ouest. Charles IX (1560-1574)
débute pour sa part les travaux de la Petite Galerie,
destinée à relier le Louvre aux Tuileries. Henri
IV poursuit l'uvre collective en bâtissant la
grande galerie du Bord de l'Eau (presque 500 mètres
de long !), reliant également, au sud, le Louvre aux
Tuileries. Deux hommes de renom, issus de longues lignées
d'architectes, s'attellent à cette tâche pharaonique
: Louis Métezeau et Jacques (II) Androuet du Cerceau.
La Petite Galerie se voit pour sa part pourvue d'un étage
supplémentaire : la Galerie des Rois. L'assassinat
d'Henri IV, en 1610, stoppe le chantier pour de longues années.
L'époque classique
Louis XIII (1610-1643)
et surtout Louis XIV (1643-1715) reprennent le flambeau. On
achève entre 1624 et 1663 de détruire le Louvre
médiéval. On respecte cependant les réalisations
antérieures datant de la Renaissance, ce qui conduit
à une grande homogénéité stylistique.
L'aile Lescot est ainsi prolongée dans le même
esprit. Le pavillon de l'Horloge (aujourd'hui pavillon Sully),
l'aménagement d'appartements dans la Petite Galerie,
sont réalisés entre 1639 et 1659. Puis, sur
ordre du Roi Soleil, l'architecte Le Vau s'attache à
compléter l'ensemble à partir de 1660. La Cour
Carrée, à l'est, reçoit pratiquement
son aspect actuel. Un incendie dévaste en 1661 la Petite
Galerie, mais n'étanche pas pour autant la soif de
construire. Le Vau poursuit son travail avec abnégation,
sans jamais faiblir.
C'est le roi lui-même
qui donne un sérieux coup d'arrêt au chantier
permanent. Il a en tête d'autres projets à sa
démesure, du côté de Versailles. Seule
est réalisée, entre 1667 et 1672, la monumentale
colonnade par Bernin, façade tournée vers le
cur de la ville. Les bâtiments de la Cour Carrée
sont laissés à l'abandon, parfois sans même
avoir été mis hors d'eau. En 1678, le roi habite
Versailles en permanence, oubliant même son somptueux
palais de Saint-Germain-en-Laye,
qu'il avait fait aménager à grands frais.
|
L'embryon du musée
Louis XIV ordonne
d'entreposer au Louvre la collection royale de sculptures
antiques en 1692. La salle des Caryatides reçoit ainsi
l'embryon de ce qui constituera sa richesse future et assurera
sa notoriété planétaire. Les grandes
académies nationales s'y installent (Académie
Française, Belles Lettres, Peinture
). Le Louvre,
après avoir connu les fastes de la cour, abrite l'élite
intellectuelle de la Nation.
Louis XV (1715-1774)
habite aussi principalement Versailles, mais tient néanmoins
à faire achever le Louvre. Les bâtiments de la
Cour Carrée sont dotés d'une toiture après
1756. Quantité de bâtisses sans importance réelle
et dénaturant l'esthétisme des lieux sont purement
et simplement détruites.
La tourmente révolutionnaire
laisse le Louvre intact. En 1791, l'Assemblée Nationale
vote une loi installant officiellement un musée dans
les immenses espaces dégagés. En 1793, il ouvre
ses portes gratuitement au public. Les conquêtes de
Napoléon Ier conduisent à un pillage systématique
des patrimoines des nations vaincues et le Louvre s'enrichit
temporairement de ces trophées de guerre. L'empereur
bâtit l'arc du Carrousel et fait embellir les intérieurs.
Mais à la chute de l'Empire, le musée est fermé
et les collections acquises par force restituées aux
états propriétaires.
Le grand musée
Les monarques de
la Restauration et de la Monarchie de Juillet n'envisagent
pas une seconde de revenir habiter au Louvre. Bientôt
le musée réouvre ses portes, enrichit considérablement
ses collections et les autorités inaugurent en grandes
pompes ses principales sections. Chaque monarque continue
à y laisser son empreinte. Le vieux palais marque toujours
autant les esprits, même si plus personne n'y réside.
Napoléon III y entreprend de longs travaux, toujours
avec le parti constant de conserver l'homogénéité
générale. A la chute du Second Empire, le Louvre
échappe au pire. Les Tuileries n'auront pas cette chance.
En mai 1871, alors que leur mouvement insurrectionnel vit
ses derniers instants, les Communards décident d'incendier
ce symbole de l'absolutisme royal. Le palais se consume entièrement
et sa carcasse noircie est définitivement abattue en
1882. Seuls subsitent de cet édifice perdu, les pavillons
de Flore et de Marsan. Le Louvre connaît une dernière
épreuve durant la Seconde Guerre Mondiale : La majeure
partie des collections est évacuée loin de la
capitale.
En septembre 1981,
François Mitterand annonce son intention de lancer
un projet nommé " Grand Louvre ". Le président
élu des Français, représentant de la
République, est lui aussi attiré par les lumières
de l'Histoire et les feux des fastes monarchiques : il veut
également marquer cet édifice de son empreinte.
On entreprend des fouilles dans la cour Napoléon et
les vestiges du Louvre médiéval sont mis au
jour. La grande pyramide est inaugurée en 1989.
A l'aube du troisième
millénaire, le Louvre fascine toujours autant les Français
et leurs dirigeants. Il attire chaque année des cohortes
innombrables de visiteurs et constitue une vitrine irremplaçable
pour notre pays. Jacques Chirac n'échappe pas à
cette fascination collective : en juillet 2005, il annonce
l'aménagement du département des arts de l'Islam.
Fin prévue des travaux pour 2009. En attendant les
autres
|