Ecouen était
au VIIe siècle une terre dépendante de l'abbaye
de Saint-Denis. Elle passa sans doute peu avant l'an mil entre
les mains de Bouchard II de Montmorency. Ce noble turbulent
avait en effet pris la fâcheuse habitude de piller systématiquement
les possessions du monastère dionysien. Ses successeurs
immédiats, Thibaut, Bouchard III et Hervé, se
montrèrent beaucoup plus pacifiques et se rapprochèrent
des monarques capétiens. Thibaut reçut même
la prestigieuse charge de connétable du roi Philippe
Ier (1160-1108). La famille de Montmorency donnera d'ailleurs
pas moins de six connétables à la France. Bouchard
IV renoua avec la tradition du seigneur brigand et fut ramené
à de meilleurs sentiments par Louis VI le Gros en 1101.
Désormais, la destinée de la famille de Montmorency
resta intimement liée à celle de la maison capétienne.
Nous retrouvons notamment Mathieu II aux côtés
de Philippe Auguste sous les murs de Saint-Jean-d'Acre en
1191, et à Bouvines en 1214.
Le vieux château
médiéval d'Ecouen fut détruit en 1538
par l'héritier de l'antique lignée : Anne de
Montmorency. Ce puissant personnage, fils de Guillaume de
Montmorency et né à Chantilly en 1492, dut sa
prospérité à François d'Angoulême
(futur François Ier). Anne suivit le roi en Italie,
obtint le grade de Maréchal de France en 1522, puis
la charge de connétable en 1538. La même année,
il lançait le chantier d'Ecouen qui devait durer 17
ans. Cet homme de guerre redoutable doublé d'un politique
avisé, était également un passionné
d'art, un bibliophile averti et un mécène éclairé.
Son mariage avec Madeleine de Savoie augmenta encore l'étendue
de ses richesses. A sa mort, en 1567, il possédait
130 châteaux, dont Chantilly
et Fère-en-Tardénois.
Henri II (1547-1559) aimait venir le retrouver à Ecouen
pour d'interminables parties de chasse. Une tradition rapporte
que le monarque aurait pour la première fois rencontré
dans la galerie de Psyché sa célèbre
maîtresse, Diane de Poitiers.
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Ecouen demeura entre
les mains de la même famille jusqu'en 1632, date à
laquelle Henri II de Montmorency, peu favorable aux méthodes
de gouvernement de Richelieu, eut la tête tranché
sur ordre du cardinal. Richelieu attribua toutefois Ecouen
à Charlotte d'Angoulême, sur du supplicié.
La lignée s'éteignit en 1696 et la dernière
héritière, la duchesse de Joyeuse, légua
son château à Henri-Jules de Bourbon, fils du
grand Condé. Mais les Condé préférèrent
largement séjourner à Chantilly plutôt
qu'à Ecouen et c'est le premier palais qui bénéficia
de toute l'attention des ces seigneurs omnipotents. Certains
éléments décoratifs furent d'ailleurs
transférés d'Ecouen à Chantilly. Pour
bénéficier d'une meilleure vue sur les alentours,
les Condé firent abattre l'aile est d'Ecouen en 1787.
Pillé et confisqué
à la Révolution, le château devint tour
à tour un lieu de réunion de patriotes, une
prison militaire et un hôpital. Napoléon Ier
y installa en 1805 un pensionnat de jeunes filles, pour les
enfants de chevaliers de la Légion d'Honneur. Louis
XVIII redonna Ecouen aux Condé sous la Restauration
et Louis-Napoléon (futur Napoléon III) réouvrit
le pensionnat en 1850. Les cours se poursuivirent à
Ecouen jusqu'en 1962
Ecouen fit alors l'objet d'un vigoureux
programme de restauration et abrite depuis 1977 les collections
du Musée National de la Renaissance.
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