L'an de Grâce
1666. Jean-Baptiste Colbert, ministre de sa majesté
le roi Louis XIV, nourrit d'ambitieux projets pour contrecarrer
la toute puissance maritime anglaise. Il cherche un point
sur la côte atlantique susceptible d'accueillir un important
arsenal. Plusieurs sites sont envisagés, dont le port
de Brouage. Mais ce denier
s'enlise irrémédiablement depuis quelques temps
et c'est finalement Rochefort qui est choisi.
L'endroit ne manque
pas d'atouts. Il se trouve naturellement protégé
par un méandre de la Charente, fleuve navigable même
pour les navires de gros tonnage. L'estuaire donne par ailleurs
dans une vaste baie formée par les îles de Ré
et d'Oléron. Pour interdire l'accès à
cet espace privilégié, il suffit de verrouiller
les différentes passes au moyen d'ouvrages fortifiés.
La
Rochelle ferme déjà l'accès nord
entre Ré et le continent. D'autres citadelles surgiront
sur les îles de Ré (Saint-Martin), d'Aix (fort
de la Rade) ou d'Oléron (Château-d'Oléron).
Sur la côte, les défenses de Fouras notamment
seront étoffées. On barrera le coureau d'Oléron
par le fort Louvois. On établira deux nouveaux ouvrages
sur les deux rives de l'estuaire : le fort de la Pointe au
nord et le fort Lupin au sud. L'île Madame sera également
pourvue de retranchements. Il s'agit là d'un gigantesque
réseau de fortifications. Napoléon Ier l'augmentera
encore de manière considérable : fort Boyard,
fort des Saumonards (Oléron)
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Colbert envoie son
neveu, Colbert du Terron, afin de superviser l'avancement
des travaux. Rochefort est protégée par une
vaste enceinte. On lance le chantier de la corderie royale.
Les travaux sont achevés en 1670. Les habitations,
d'abord en bois, sont vite remplacées par de la pierre.
La ville connaît un accroissement fulgurant de sa population.
En 1671, elle compte déjà 20 000 habitants,
la plupart travaillant pour les arsenaux. Dès 1669
la première forme de radoub, principalement destinée
à la réparation navale, est achevée.
Deux autres seront construites, au XVIIIe siècle et
sous le règne de Napoléon III.
Les chantiers navals
lanceront ou répareront plusieurs centaines de navires
au total. Citons parmi les plus fameux le trois ponts Louis-le-Grand,
les frégates l'Hermione (qui emporte La Fayette vers
les Amériques en 1780) et La Méduse (elle fera
naufrage au large des côtes mauritaniennes et inspirera
au peintre Géricault son fameux tableau Le radeau
de la Méduse), Le Sphinx (en 1829. Premier vaisseau
à vapeur de la marine de guerre française) et
Le Plongeur (1863. Premier sous-marin français). Les
chantiers n'arrêteront leur activité qu'en 1926.
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