Le temps des palais
(XIVe-XVe siècles) :
La révolution
dans l'art de la guerre interdit aux membres de la petite
noblesse de moderniser leurs vieux châteaux, faute de
moyens. La plupart des provinces du royaume de France connaissent
par ailleurs une très longue période de paix
intérieure. La Normandie par exemple, ne subit guère
d'opérations militaires entre 1204 et 1346. Les guerres
privées appartiennent au passé et le château
fort perd donc sa finalité première. Mais il
reste malgré tout le symbole du pouvoir nobiliaire.
Une tour et des créneaux suffisent à rappeler
aux paysans des alentours que le seigneur seul détient
l'autorité.
La guerre de Cent
Ans bouleverse totalement la donne. Les grandes armées
des belligérants s'intéressent peu aux petites
fortifications de campagne, mais l'insécurité
grandissante due aux bandes de soldats en errance oblige tous
les châtelains à réaliser des travaux
de consolidation.
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Dans les couches
supérieures de l'aristocratie, il ne s'agit pas véritablement
de protection. On ne pense guère qu'à donner
un cadre prestigieux à ses fêtes, ses joutes
et ses banquets. Charles V (1364-1380) initie au Louvre
un chantier colossal, qui vise à transformer la sombre
forteresse de Philippe Auguste en palais somptueux. Puis il
entame la construction de Vincennes
et de quantité d'autres riches palais. Toute la haute
noblesse l'imite et se lance à son tour dans des travaux
pharaoniques. Le duc Jean de Berry construit des édifices
fabuleux à Poitiers ou à Mehun-sur-Yèvre,
le duc Philippe de Bourgogne bâtit Dijon,
Louis d'Anjou Saumur et
Angers, Louis d'Orléans
la Ferté-Milon et
Pierrefonds. Dans
les lignages moins prestigieux, on n'est cependant pas en
reste des membres de la famille royale. Enguerrand VII uvre
à Coucy, Jean de
Malestroit à Largoët-en-Elven
On constate ici ou là un regain d'intérêt
pour les grandes tours résidentielles, un peu passées
de mode au XIIIe siècle. Ces châteaux doivent
éblouir, refléter la puissance de leurs propriétaires
respectifs. Les toitures en poivrières s'ornent de
pinacles et de clochetons ; de belles fenêtres percent
les murailles. Le maître mot est le confort.
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