La forteresse occupe
un éperon rocheux dominant la Marne, long de près
de 350 m. Il atteint 100 m dans sa plus grande largeur. Le
Château-Thierry est un site évolutif et présente
de nombreuses traces de multiples époques architecturales.
La Porte Saint-Jean,
qui ouvre sur la basse-cour, est un bâtiment caractéristique
de la fin du XIIIe siècle. Comme à Carcassonne
(Porte Narbonnaise) ou Provins (Porte de Jouy), il s'agit
d'un grand ouvrage à deux tours fortement saillantes
à éperons, doté d'un sas fermé
par deux herses et pourvu de vantaux et d'un vaste assommoir.
Son parement est en bossage rustique alterné de pierres
de taille lisses et de nombreuses archères percent
les maçonneries.
L'immense enceinte
qui cerne le plateau (près d'un km) possède
de nombreuses tours de flanquement d'époques et de
formes diverses (Tours du Roi, Tour Rouge, Tour Bouillon,
Tour du Trésor...). Il existait dans l'angle sud-ouest
au XIIIe siècle un somptueux logis seigneurial appelé
Galerie des Princes. Presque toute la façade sud fut
corsetée d'une fausse-braie au XVe siècle. Aux
XVe-XVIe siècles furent érigées contre
la courtine nord de grandes cuisines, actuellement en cours
de fouilles. Dans les entrailles du socle rocheux, on trouve
enfin les celliers seigneuriaux, aménagés dans
les carrières qui servirent à l'extraction de
la pierre utilisée pour les premières constructions.
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Au centre de la
place se dresse sur quelques mètres encore la Tour
Thibaud. Ce curieux bâtiment presque rectangulaire de
19 m sur 9 m est le fruit de trois campagnes distinctes :
1/ Au Xe, d'abord,
comme à Doué-la-Fontaine, il s'agissait d'une
aula palatiale. Nous sommes donc là en présence
de l'une des plus anciennes constructions maçonnées
médiévales de France. Ce mur primitif est conservé
sur environ 12 m de longueur et une hauteur de 4 m. Le parement
est réalisé en gros appareil irrégulier.
Nous nous rallions à l'avis de Jean Mesqui qui y décèle
peut-être le réemploi de matériaux antiques
en provenance du vicus voisin d'Odomagus.
2/ Au XIIe siècle,
l'aula originelle fut transformée en classique donjon
quadrangulaire. Il atteignait sans doute 25 m à 30
m d'élévation.
3/ Vers 1500, la
tour fut dérasée au niveau actuel et remblayée
de terre et de gravats, afin d'aménager une plate-forme
pour l'artillerie lourde.
La place est scindée
en deux parties par un profond fossé sec remanié
au XVe siècle. Une porterie avec pont-levis assurait
les communications entre les deux périmètres
ainsi délimités.
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