C'est à la
fin du Xe siècle, en 990, que Moulins apparaît
dans les textes : quatre frères vendent à l'abbaye
de Cluny la chapelle qu'ils possèdent " in villa
Molinis ". Au siècle suivant, un château
est signalé. En 1206, la famille de Breschard, seigneur
de Moulins, l'échange contre la baronnie de Bressoles
qui appartient aux sires de Bourbon. Ceux-ci le conserveront
jusqu'en 1527.
En 1366, le duc Louis
II, de retour de captivité d'Angleterre, engage la
reconstruction du château endommagé lors de la
guerre de Cent Ans. Le palais ducal, fini vers 1375, est agrandi
et transformé en une résidence agréable.
A partir de 1497,
le duc Pierre II et son épouse Anne de Beaujeu entreprennent,
en prévision des séjours du roi Charles VIII
- frère d'Anne -, la construction du "bâtiment
neuf". Une première phase de construction, en
style gothique flamboyant, prolonge le palais vers le nord.
La seconde phase (1500) relève du style Renaissance,
tant par sa galerie que par son décor raffiné.
Après 1527
et le rattachement du Bourbonnais à la couronne de
France, le château est attribué aux reines-mères
pour constituer leur douaire. Catherine de Médicis
l'habite fréquemment et y reçoit, de janvier
à mars 1566, son fils le roi Charles IX et sa cour.
Lorsqu'en 1661 le
château devient la propriété du prince
de Condé, il est transformé en appartements
et loué à des particuliers. Faute d'entretien,
un corps de bâtiment s'écroule en 1684 et un
second en 1751. Quatre ans plus tard, un incendie ravage le
reste du château.
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A la Révolution,
le château en ruine est vendu puis démantelé.
L'ancien palais ainsi que la chapelle sont rasés. En
1852, une partie des bâtiments restants est démolie
pour agrandir la cathédrale.
En 1907, la gendarmerie quitte le pavillon Renaissance qui
sera transformé en musée (en 1986). La prison
" libère " la tour, édifiée
par Louis II, en 1985. Depuis quelques années, le château
fait l'objet de restaurations : travaux sur les fortifications
basses, restauration des parements du donjon.
Description :
La Mal Coiffée
(exclamation du duc Louis II au sujet de sa toiture disgracieuse)
est une tour-résidence rectangulaire (20 m x 15 m)
d'une hauteur de 45 m. Elle comporte sept niveaux (composés
chacun de deux salles) dont deux en sous-sol.
Dans son prolongement,
au nord, subsiste un pan de l'ancienne façade du palais
ducal, où de nombreuses ouvertures (bouchées
aujourd'hui) demeurent. Au pied de celle-ci, une terrasse
sans doute établie à la Renaissance rappelle
l'existence des jardins décrits au XVIe siècle
par le chroniqueur Nicolas de Nicolaï. Accolés
au sud de la tour s'élèvent une tour carrée
utilisée comme une annexe et le grand escalier, desservant
autrefois les appartements du palais.
Au nord du site,
la galerie aux gracieuses arcades décorées aux
emblèmes des ducs (cerf ailé, chardon et ceinture
brodée de la devise " Espérance ")
reliant les pavillons, rappelle que ce bâtiment fut
l'un des premiers témoignages en France de la Renaissance
italienne.
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