Des Celtes aux Carolingiens
:
Un oppidum celtique
occupait l'actuel emplacement de la Cité de Carcassonne
dès l'époque celtique. Il appartenait à
la tribu des Volques Tectosages, dont la principale place
était Tolosa (Toulouse). Les Romains pénétrèrent
dans la région au IIe siècle avant notre ère
et y fondèrent des colonies. Narbo Martius (Narbonne)
devint la capitale d'une nouvelle province romaine : la Narbonnaise.
A Carcasso stationna d'abord une garnison, vite remplacée
par une nouvelle colonie avant le début de l'ère
chrétienne. La ville n'obtint cependant jamais le statut
de cité. Les premiers raids germaniques, dans la seconde
moitié du IIIe siècle apr. J.-C., amenèrent
les autorité locales à bâtir une enceinte
urbaine comme un peu partout en Gaule.
Au Ve siècle,
les Vandales, les Alains et les Suèves traversèrent
et dévastèrent la région. Les Wisigoths
s'en emparèrent après avoir pillé Rome
(410). Ils établirent alors un immense empire s'étendant
de la Loire au détroit de Gibraltar. Par sa victoire
de Vouillé en 507, Clovis les refoula vers les Pyrénées.
Il parvint l'année suivante à mettre la main
sur Carcassonne qui, selon l'historien grec Procope, abritait
le légendaire trésor des Wisigoths. La domination
franque dans le secteur ne fut qu'éphémère.
Les Ostrogoths les en chassèrent et les Wisigoths parvinrent
à réoccuper une mince bande côtière
s'étirant du Rhône au massif des Corbières,
bordée au nord par les Cévennes et comprenant
les villes de Nîmes, Lodève, Béziers,
Narbonne et Carcassonne. On donne à ce territoire le
nom de Septimanie. Les successeurs de Clovis tentèrent
en vain de s'en emparer à plusieurs reprises. Un évêché
apparaît à Carcassonne à la fin du VIe
siècle.
En 711, les Maures
mirent un terme à l'existence du royaume wisigothique
et s'implantèrent dans la péninsule ibérique.
Ils franchirent les Pyrénées et s'emparèrent
de Carcassonne en 719. Charles Martel les arrêta à
Poitiers en 732 et commença à les repousser
vers le sud. A son fils Pépin le Bref revint la tâche
de les rejeter au-delà des Pyrénées.
En 759 il était maître de Carcassonne.
Une ville convoitée
:
La place passa aux
mains des comtes de Toulouse avant d'être inféodée
aux vicomtes de Béziers. Elle fut alors l'enjeu d'âpres
luttes diplomatiques et militaires entre la famille des Trencavel,
propriétaire des lieux, et les comtes de Barcelone.
Les premiers parviendront finalement à affirmer leur
indépendance dans le courant du XIIe siècle.
Durant ce même
siècle se répandit un peu partout en Europe
une religion nouvelle appelée à une destinée
tragique : le catharisme. Le comte de Toulouse fut bien vite
accusé par les autorités pontificales de favoriser
la propagation de cette foi nouvelle. Des foyers particulièrement
importants d'hérésie se développèrent
autour des villes de Béziers, Albi et Carcassonne.
L'assassinat du légat pontifical Pierre de Castelnau
en 1208 mit le feu aux poudres. Le pape Innocent III prêcha
la croisade contre les Cathares et exposa en proie les terres
des seigneurs méridionaux.
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Dès 1209,
une puissante armée croisée se dirigea vers
le Languedoc. Béziers fut prise et ses habitants massacrés
(22 juillet 1209). Elle se présenta ensuite sous les
murs de Carcassonne. Le jeune vicomte Raymond-Roger Trencavel
s'y était retranché. Bien vite la cité
dut se rendre et Trencavel alla croupir dans une geôle.
Il y trouva la mort peu après, sans doute assassiné
ou victime de mauvais traitements. Son fils, Raymond Trencavel,
parvint à reprendre la ville en 1224, mais se vit contraint
de capituler devant les troupes du roi de France Louis VIII
le Lion en 1226. Le traité de Paris, conclu au cours
de l'année 1229 par Raymond VII de Toulouse et la régente
Blanche de Castille, veuve de Louis VIII et mère de
Louis IX (saint Louis), consacra définitivement la
mainmise de la monarchie capétienne sur Carcassonne.
La ville devint dès
lors sénéchaussée royale. Proche de la
frontière avec le royaume d'Aragon, elle revêtit
un rôle stratégique majeur. Louis IX, puis Philippe
III le Hardi et Philippe IV le Bel s'efforcèrent de
rendre la ville inexpugnable en complétant copieusement
ses défenses.
De l'abandon à
l'Unesco :
A la fin du XVe siècle,
Carcassonne semblait solidement protégée par
ses deux enceintes et ses épais remparts. Mais la ville
cessa vite de jouer un rôle prépondérant
dans les affaires du pays. On arrêta d'entretenir les
anciennes murailles qui tombèrent lentement en ruine.
L'annexion du Roussillon par la France en 1659 l'éloigna
un peu plus de la frontière avec l'Espagne. Au début
du XIXe siècle, la vieille ville servait de carrière
de pierre aux habitants de la région. Prosper Mérimée
la trouva dans un état de dégradation avancé
lorsqu'il s'y rendit pour la première fois : "
La vieille ville n'est guère habitée aujourd'hui
que par de pauvres artisans. Ses rues sont irrégulières,
ses maisons tombent en ruines [
] Le couronnement des
tours est en général très endommagé.
" La destruction de l'ensemble avait d'ailleurs été
programmée par le conseil municipal.
La valeur du monument
incita le gouvernement français à lancer un
immense chantier de restauration. Sa direction fut confiée
à Eugène Viollet le Duc, déjà
célèbre pour ses réalisations à
Vézelay et Notre-Dame de Paris. Les travaux s'étendirent
sur plus de trente ans après 1852. On a beaucoup glosé
sur les interventions de l'architecte parisien, en oubliant
souvent de mentionner que son dynamisme, allié à
la volonté inflexible de Mérimée, permit
de sauvegarder l'un des fleurons du patrimoine architectural
français. Inscrite depuis 1997 au patrimoine mondial
de l'UNESCO, Carcassonne connaît grâce à
l'afflux touristique un nouvel âge d'or.
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