La première
mention de la famille de Termes remonte au XIe siècle.
Elle dominait alors le Termenès, vaste contrée
perdue aux confins de la vicomté de Carcassonne et
du comté de Cerdagne. Les Termes se querellèrent
longuement avec l'abbaye de Lagrasse durant une bonne partie
du XIIe siècle, notamment pour une question de droit
de propriété sur les mines d'argent proches
de Palairac. La place fut le théâtre d'un épisode
très fameux lors de la croisade albigeoise. Simon de
Montfort l'assiégea et fit venir de Carcassonne en
1210, après des péripéties épiques,
des pierriers pour pilonner la place. Guillaume de Tudèle
raconte, dans la Chanson de la croisade albigeoise : "
Il y avait là moult barons, moult riches draps de soie
et moult riches pavillons, moult jupons de soie, moult ciclatons
(manteaux de soie), moult hauberts maillés, moult bons
gonfanons, moult lances de frênes, enseignes et pennons,
moult bons chevaliers et moult bons damoiseaux allemands et
bavarois et saxons et frisons, manceaux et angevins et normands
et bretons, longobards et lombards, provençaux et gascons.
" Cette Tour de Babel bigarrée s'impatienta quatre
mois durant sous les murailles de Termes. Le vieux sire Raymond
et les siens ne semblaient en rien vouloir céder et
possédaient encore quantité de provisions :
" Ils ont abondance de vivres, de la viande fraîche
et du bacon, du vin et de l'eau à boire et du pain
à foison. " Un mal inattendu vint cependant les
mettre à genoux : " Alors l'eau leur a manqué.
Ils avaient assez de vin pour deux ou trois mois, mais je
ne crois pas que l'on puisse vivre sans eau. Puis il tomba
une grande pluie, Dieu et foi me viennent en aide ! Il y eut
un grand déluge dont mal leur advint : en tonneaux
et en citernes ils recueillirent beaucoup d'eau dont ils se
servirent pour pétrir et mettre dans leurs mets. De
telles diarrhées les saisirent que nul ne savait plus
où il en était. Ils prirent conseil entre eux
de s'enfuir chacun, plutôt que de mourir de la sorte,
sans confession. Ils mirent les dames dans le donjon. Quand
vint la nuit obscure, sans que l'on en sût rien, ils
sortirent sans bagages. " Ainsi s'acheva la résistance
de Termes.
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Le vieux Raymond
fut fait prisonniers et acheva ses jours dans une geôle
de Carcassonne. Son fils, Olivier de Termes, trouva refuge
en Aragon. Ce dernier poursuivit la lutte contre les royaux
trente ans durant, tentant même vainement d'assiéger
Carcassonne en 1240. Vint alors le temps de la soumission.
Olivier fit sa paix avec le roi Louis IX et le suivit fidèlement
jusqu'en Orient. Il prit une part active à la septième
croisade comme en témoigne le sire Jean de Joinville.
Il mourut en croisé à Saint-Jean-d'Acre en 1275.
Le château
de Termes fut acquis par le roi en 1228. Il revêtit
à partir de 1258 une importance stratégique
considérable : le traité de Corbeil conclu avec
l'Aragon avait en effet transformé la région
en zone frontalière. Termes fut alors intégré,
avec Quéribus, Puylaurens, Aguilar et Peyrepertuse,
(faire liens) au réseau des cinq fils de Carcassonne.
Déjà bien malmené au XVIIe siècle
par un maître-maçon désireux d'en récupérer
les pierres, il perd tout intérêt après
le traité des Pyrénées (1659) qui octroie
le Roussillon à la France.
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