Le plateau des Baux
est occupé aux IIe et Ie siècles av. J.-C. par
un oppidum celto-ligure appartenant à la tribu des
Bringasses. Ce peuple était constitué d'un mélange
de Gaulois et de Ligures (habitants des Alpes Maritimes, du
Piémont, du nord de la Toscane et de Monaco). Deux
cimetières ont été découverts
à la pointe nord de l'oppidum : l'un pré-romain,
l'autre gallo-romain.
De grands féodaux
:
La première
mention des Baux (Balcium) apparaît dans une charte
de l'abbaye de Montmajour en 960. La rivalité entre
les comtés de Barcelone et de Toulouse, ainsi que la
question de l'héritage de la Provence, auquel aspire
la famille des Baux, sont, à partir de 1142, les causes
des guerres Baussenques. Les Catalans remportent une victoire
décisive en 1150 et rasent le château en 1162.
Barral des Baux va
relancer la politique expansionniste de sa famille au milieu
du XIIIe siècle. En conflit avec Charles d'Anjou (frère
de Saint Louis), nouveau comte de Provence, il prend la tête
d'une coalition formée par les villes d'Arles, d'Avignon
et de Marseille. A son retour de la croisade d'Egypte, en
1251, Charles d'Anjou restaure son autorité et Barral
rentre dans le rang. Il se révèle même
un dévoué serviteur. Raymond des Baux, l'autre
membre de la famille, ne prêtera hommage à Charles
qu'en 1257. Lors de la conquête du royaume de Naples
par la seconde dynastie angevine, en 1264, Barral et ses fils,
Raimond et Bertrand, accompagnent leur suzerain. En récompense,
Barral devient premier magistrat de la ville de Milan et grand
justicier pour la Sicile. Bertrand obtient quant à
lui les comtés de Montescaglioso et d'Avellino et le
duché d'Andria. Le petit-fils de Bertrand, Hugues,
sera sénéchal de Provence et chambellan de Jeanne,
reine de Naples.
Aux mains des routiers
:
Les seigneurs des
Baux jouent un rôle trouble durant la guerre de Cent
Ans. Ils s'abouchent volontiers avec les routiers, ces bandes
de soldats sans emploi hantant les campagnes durant les périodes
de trèves. Le plus fameux de leurs chefs, Arnaud de
Cervole, dit l'Archiprêtre, écume les environs
en 1357-1358. En 1386, un nouveau routier s'installe aux Baux
: Raymond-Roger, vicomte de Turenne. En conflit avec la papauté,
il transforme le château en repaire de brigands. Malgré
les trêves (1391 et mai 1392), les arrangements pécuniaires,
un siège (juillet 1393) et le mariage de sa fille (décembre
1393), Raymond-Roger ne désarme pas. Les razzias, incendies
et pillages se succèdent. En 1396, les autorités
de la région décident de vider l'abcès.
Les " engins et bombardes " font capituler Pertuis,
homme de main de Raymond de Turenne, un an plus tard. "
Le fléau de Provence " quitte la région
en fin d'année 1399.
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Après la mort
de la dernière héritière des sires des
Baux, le lieu passe aux comtes de Provence. René d'Anjou
(le Bon roi René) en hérite en 1429. Il lance
d'importants chantiers et des aménagements considérables
sont effectués sur le site. Le village connaît
une période faste, pendant laquelle hôtels et
belles demeures s'élèvent tout au long de ses
rues. A la mort sans héritier de son successeur, Charles
du Maine, le roi de France Louis XI annexe la Provence (1481).
Les Baux tentent de se soustraire à cette tutelle royale
et font l'objet d'un énième siège. En
représailles, Louis XI commande la démolition
des fortifications, mais on restaure les remparts dès
1483.
Renaissance et abandon
:
En mai 1513, Louis
XII donne la baronnie des Baux à l'un de ses proches
: Bernardin des Baux. Pendant six ans, il entreprend de grands
travaux. Il rénove et agrandit notamment l'ancien château.
Son successeur en 1527 est Anne de Montmorency, connétable
de France, favori de François Ier et également
propriétaire de la Fère-en-Tardénois.
Il poursuit la rénovation du château et apporte
aux Baux le style Renaissance.
En 1561-1562, pendant
les guerres de Religions, les protestants s'emparent de la
cité, pillent le château et profanent la chapelle
Sainte-Catherine. Le gouverneur des Baux rétablit l'ordre
peu après. Le dernier baron des Baux, Antoine de Villeneuve,
est nommé par Gaston d'Orléans, ce frère
ennemi du roi Louis XIII assigné à résidence
après 1626 aux châteaux de Blois
et de Chambord.
Pour s'assurer de la fidélité du lieu, le cardinal
Richelieu envoie l'un de ses capitaines prendre garnison aux
Baux. Comme les portes de la ville restent clauses, il n'hésite
pas à mettre le siège. Il faudra une lettre
signée de la main de Louis XIII, en date du 18 juin
1631, commandant la remise de la place au capitaine de Saucourt,
pour que les portes s'ouvrent enfin. Le siège aura
duré près d'un mois. La destruction du château
et des remparts est décidée pour étouffer
dans l'uf toute nouvelle velléité rebelle.
En 1642, le fief
des Baux est érigé en marquisat au profit des
Grimaldi, princes de Monaco, pour services rendus à
la couronne (ils ont chassé les Espagnols de Monaco).
Les Baux sont rachetés par la France à Monaco
en 1791. Les paysans des environs profitent de l'occasion
pour s'emparer du château et mettent le feu aux chartes
faisant références à leur statut de serfs.
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