La forteresse primitive
:
Le château
occupe une éminence rocheuse dominant la vallée
de l'Orne. Une première enceinte en pierre délimitant
un espace de 5 ha fut édifiée sur ordre de Guillaume
le Conquérant vers 1060. On y pénétrait
primitivement par une tour-porte rectangulaire. Les fouilles
réalisées par Michel de Boüard entre 1956
et 1966 ont mis au jour les substructions du palais du XIe
siècle. Il comportait notamment une aula de respectables
dimensions (16 m sur 8 m) et quelques pièces plus réduites
abritant la camera, les appartements princiers. La chapelle
castrale Saint-Georges existait sans doute dès cette
époque.
Henri Beauclerc :
Le dernier né
des fils du Conquérant, roi d'Angleterre en 1100 et
devenu duc de Normandie en 1106, y entreprit d'importants
travaux peut-être après 1120. Il fit d'abord
élever un haut donjon quadrangulaire de 25 m sur 27
m au sol. Cette réalisation, dont il ne nous reste
que quelques gravures anciennes et les fondations, s'apparentait
aux grandes tours romanes résidentielles que l'on trouve
encore à Loches,
Falaise, Arques-la-Bataille
ou Domfront. Ses murs
atteignaient 4,30 d'épaisseur à la base. Henri
Beauclerc lança également l'édification
d'une nouvelle aula parfaitement conservée : l'actuelle
salle de l'Echiquier. Elle dessine un rectangle de 30 m sur
11 m (plus de 300 m² de surface intérieure). Elle
communiquait avec la grande salle bâtie sous Guillaume
le Conquérant. C'est entre ces murs qu'Henri Plantagenêt
accueillit mille de ses chevaliers en 1182.
Les Plantagenêts
:
Henri II et ses
fils Richard Cur de Lion et Jean Sans Terre renforcèrent
copieusement l'enceinte extérieure. Ils la dotèrent
notamment d'une douzaine de tours carrées à
bases talutées et archères, possédant
des niveaux planchéiés.
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Philippe Auguste
:
Après la prise
de la place en 1204, le roi de France imprima sa marque à
l'édifice. Nous ne pouvons nous empêcher de déceler
une forte symbolique dans cette réalisation : Philippe
matérialisait ainsi son pouvoir sur la contrée
fraîchement conquise, à quelques pas seulement
du palais de Guillaume le Conquérant, fondateur de
la puissante dynastie anglo-normande, adversaire des Capétiens
depuis un siècle et demi. Il dota la forteresse d'une
nouvelle porte selon le schéma suivi habituellement
par ses architectes. La porte des Champs est donc enserrée
entre deux cylindres très saillants percés de
longues archères. Le passage était barré
par un pont mobile et une herse. Mais Philippe bâtit
également une enceinte autour du donjon roman. Un profond
fossé sec taillé dans la roche l'isole du reste
de la place. Elle est cantonnée à chaque angle
de cylindres proéminents. Leurs archères permettaient
de parfaitement flanquer les courtines. Les bases des murailles
sont fortement talutées et pleines.
La guerre de Cent
Ans :
Les fortifications
de Caen laissaient sans doute à désirer lorsque
débutèrent les hostilités entre les rois
de France et d'Angleterre. On les compléta donc aux
XIVe et XVe siècles. On éleva deux barbacanes
très trapues, aux murailles comportant nombre de canonnières,
devant les portes Saint-Pierre et des Champs. Cette dernière
fut modifiée pour recevoir un pont-levis à flèches
et un couronnement de mâchicoulis.
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