Au duc de Normandie
Richard II succéda en 1026 son fils aîné,
également prénommé Richard. Richard III
dut rapidement faire face à une révolte orchestrée
par son frère cadet, Robert, maître du "
Falasiae castrum ", et se vit contraint d'assiéger
la place en 1026 ou en 1027. Guillaume de Jumièges,
dans sa " Gesta Normannorum ducum " (Histoire des
ducs des Normands), nous donne une narration laconique de
l'événement : " Robert donc, méconnaissant
la suzeraineté de son frère, s'enferma avec
ses satellites dans le château de Falaise pour lui opposer
résistance. Or le duc Richard, désirant réprimer
au plus tôt les téméraires entreprises
de son frère insensé et le ramener à
la soumission qu'il lui devait, alla avec une nombreuse armée
l'investir et l'assiéger dans son château. Après
qu'il l'eut attaqué quelques temps en faisant sans
cesse jouer les béliers et les balistes, enfin Robert
renonça à sa rébellion et lui présenta
la main. " Les précisions de l'historien laissent
entrevoir des murailles suffisamment puissantes pour nécessiter
le recours à des " balistae " (selon toute
probabilité des engins susceptibles de projeter des
pierres) et des " arietum " (des béliers)
pour en venir à bout. Il ne s'agissait donc pas, à
l'évidence, de l'un de ces petits châteaux de
terre et de bois très répandus du Xe au XIIe
siècle, mais bien d'une authentique forteresse pourvue
de bons et épais bâtis maçonnés.
C'est donc derrière
ces courtines déjà ébranlées par
la fureur guerrière, que Guillaume le Conquérant
vit le jour en 1027 ou 1028. Son père, Robert, l'ancien
rebelle, était entre-temps devenu duc de Normandie
suite au décès prématuré de Richard
III (1027). L'agencement de la place de Falaise n'évolua
sans doute guère durant tout le XIe siècle et
c'est au duc-roi Henri Beauclerc (1106-1135) que nous devons
les premières modifications significatives. Vers 1123,
il fit édifier un grand donjon quadrangulaire. La place
connut ensuite de nombreux sièges et d'importants aménagements.
Le noyau primitif fut cerné dans le courant du XIIe
siècle d'un imposant rempart délimitant une
immense basse-cour.
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Après avoir
achevé la conquête de la Normandie en 1204, le
roi Philippe Auguste fit bâtir l'une de ces grandes
tours cylindriques dont il avait le secret. Des spécimens
similaires sont encore visibles à Gisors (Tour du Prisonnier),
Villeneuve-sur-Yonne, Chinon (Tour du Coudray), Verneuil-sur-Avre
(Tour grise), Lillebonne, Montlhéry, Rouen (Le Donjon),
Issoudun (Tour Blanche), Vernon (Tour des Archives) et Dourdan.
Il dota également le mur d'enceinte de plusieurs tours
circulaires.
Falaise connut à
plusieurs reprises le feu des canons durant la Guerre de Cent
Ans. En 1418 notamment, la place dut se rendre aux troupes
du roi anglais Henri V après 5 mois de siège.
Charles VII ne parvint à la reprendre qu'en 1450, à
la suite de la bataille de Formigny. Henri IV fut son dernier
vainqueur, lorsqu'il obtint en janvier 1590 la reddition des
Ligueurs qui s'y étaient retranchés.
Comme nombre de monuments
médiévaux, le château connut l'abandon
puis fut utilisé comme carrière de pierre. Les
premières restaurations datent du XIXe siècle.
Mais les durs bombardements de 1944 l'ont gravement endommagé.
Le noyau principal est cependant demeuré à peu
près intact.
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