Le nom Mehun (Modinum)
provient de la contraction du mot celtique dunum désignant
une place forte. On retrouve notamment ce suffixe très
caractéristique dans Lyon (Lugdunum), Dun-sur-Auron
(Dunum, Cher) ou Loudun (Losdunum, Vienne) et dans bien d'autres
toponymes encore. Des fouilles ont démontré
l'existence de fortifications à Mehun dès le
IXe siècle. Une seigneurie y est attestée au
XIe siècle et appartient à une famille rattachée
aux sires de Vierzon.
En 1209, la châtellenie
passe par mariage à la puissante maison de Courtenay
(Loiret), issue de l'un des fils du roi Louis VI le Gros (1108-1137).
Ce sont probablement les membres de cette grande famille,
très impliqués dans les affaires d'Orient, qui
reconstruisent la forteresse en suivant les standards philippiens.
La place échoit par un nouveau mariage à Robert
II d'Artois (mort en 1302) et reste à ses héritiers
jusqu'au bannissement et à la confiscation des biens
de son petit-fils, Robert III d'Artois, en 1332.
Mehun est alors donné
au roi de Bohême Jean de Luxembourg, ami du roi Philippe
VI de Valois (1328-1350). Jean trouvera la mort au désastre
de Crécy en 1346. L'union de sa fille Bonne de Luxembourg
avec le futur roi Jean II le Bon en 1332, fait cependant très
vite rentrer le château et les terres qui y sont rattachées
dans le domaine royal. Rarement place forte aura autant changé
de mains par mariage et si peu par faits d'armes.
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En 1360, Jean le
Bon donne le Berry en apanage à son fils Jean. Passionné
d'art et de culture, mécène patenté mais
prodigue invétéré, le nouveau duc de
Berry va s'employer à transformer le vieux château
de Mehun en un véritable palais à compter de
1370, dans le goût et l'esprit de la fin du XIVe siècle.
Il suit en cela l'exemple donné par ses frères
aînés, le roi Charles V au Louvre et le duc Louis
d'Anjou à Saumur. Il est intéressant de constater
que ces trois chantiers reprennent les structures préexistantes
de châteaux purement philippiens. A propos de Mehun,
le chroniqueur Jean Froissart déclarait sans ambages
qu'il s'agissait de " l'une des plus belles demeures
du monde. "
A la mort de Jean
de Berry en 1416, le palais revient derechef à la couronne.
Il devient alors l'une des résidences préférées
de Charles VII. C'est d'ailleurs ici qu'il décède
en juillet 1461.
La suite est l'histoire
d'une longue et triste agonie. Incendié en 1550, endommagé
par les Guerres de Religions et démantelé au
XVIIe siècle, il reçoit le coup de grâce
à la Révolution. Du joyau de Jean de Berry ne
restent plus aujourd'hui que le grand donjon cylindrique,
une tour éventrée et le plan au sol.
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