C'est la chronique
de Geoffroy de Vigeois, relatant l'arrivée des religieux
de l'abbaye de Brantôme au château en 1183 pour
y trouver refuge, qui nous renseigne sur l'existence d'un
site fortifié à Bourdeilles. Ayant pris possession
des lieux, l'abbé en revendique la suzeraineté.
Au siècle
suivant (1269) Bernard de Bourdeille, vassal de l'abbaye,
rend hommage à Henri III Plantagenêt. Les religieux,
privés de leur droit, en appellent au roi de France
(1273). Edouard Ier, nouveau roi d'Angleterre, en profite
pour investir la place. Six ans plus tard, le Parlement décrète
que Bernard doit redevenir vassal de l'abbaye.
En 1283, l'abbé
de Brantôme, Bernard de Maulmont (ou Maumont), remet
le château à son frère Géraud.
Grâce à d'importants moyens financiers (il est
au service des rois, Philippe III le Hardi et Philippe IV
le Bel), il fait édifier le " château neuf
" à proximité du château baronnial
(détruit au cours des guerres que se firent les coseigneurs
de Bourdeilles au milieu du XIIIe siècle). A sa mort,
en 1299, ses biens sont partagés entre Pierre, Guillaume
et Hélie, ses neveux. En 1305, au décès
d'Hélie, le roi Philippe le Bel, convoitant cette place-forte
en terre anglaise, l'échange contre des fiefs en Auvergne
et dans le pays de Sens. Il fait bâtir l'enceinte prolongeant
" le château neuf " et y installe une garnison.
En 1341, Philippe
VI de Valois cède Bourdeilles à Archambault
IV, comte de Périgord. Bien que vassal du roi d'Angleterre
depuis le traité de Brétigny, ce dernier se
rallie au roi de France en 1369 et subit les foudres du Prince
Noir. Edouard Plantagenêt assiège le château
et s'en rend maître au bout de onze semaines "
par grand advis et malgré escarmouches et grands apertises
d'armes " (chroniques de Jehan Froissard). Huit ans plus
tard, Du Guesclin et le duc d'Anjou reprennent la place.
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Confié à
des capitaines nommés par les comtes de Périgord,
Bourdeilles devient un repaire de brigands et de pillards.
Il faudra la remise du comté à Louis d'Orléans,
en 1397, pour mettre fin à leurs agissements. La garde
du château est alors confiée à Arnaud
Ier de Bourdeille, descendant des premiers coseigneurs.
Un document rédigé
en août 1400, à l'occasion de la remise de la
châtellenie à Louis d'Orléans, nous confirme
la présence de deux châteaux sur le site : le
château des comtes (celui édifié par Géraud
de Maulmont) et le château baronnial (en ruine à
cette époque). C'est le petit-fils d'Arnaud Ier, François,
qui en janvier 1481 le rachète et met fin à
la coseigneurie connue depuis le XIe siècle.
Jacquette de Montbron,
épouse d'André de Bourdeille, fait construire
à la fin du XVIe siècle (1589) le château
Renaissance. Faute d'argent, les travaux de l'aile orientale
ne sont jamais commencés.
En 1792, le château
est mis sous séquestre et les révolutionnaires
décident d'y installer une fabrique de salpêtre.
En 1842, le marquis Joseph III Marie de Bourdeille s'en porte
acquéreur. En 1962, le château est offert au
département de la Dordogne qui y effectue des travaux
de restauration et met à la disposition du public une
riche collection d'ensembles mobiliers allant du XVe au XIXe
siècle.
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