L'apparition du "
castellum nomine castrum novum " ( château appelé
" Château Neuf ") est à peu près
contemporaine de celle de Beynac.
Les deux forteresses vont d'ailleurs connaître des destinées
parallèles. Comme Beynac, Castelnaud est pris par les
Croisés de Simon de Montfort lors du raid en Rouergue
et Périgord de 1214. Si le premier château est
démantelé, le second est en revanche épargné
et doté d'une solide garnison. Dès 1215, l'ancien
propriétaire, Bernard de Cazenac, revanchard patenté
visiblement quelque peu rancunier et aigri par cette violente
expropriation, s'empare de son ancienne demeure et fait pendre
tous les hommes qui s'y trouvent. L'archevêque de Bordeaux
intervient peu après et incendie la place.
Par le traité
d'Abbeville (ou de Paris) du 4 décembre 1259, Louis
IX concède la partie du Périgord située
au sud de la Dordogne au roi d'Angleterre Henri III. Henri
accepte en retour de reconnaître Louis comme son suzerain
pour ses domaines continentaux. Castelnaud reconstruit fait
partie de cet accord.
Sur fond de guerre
larvée que se mènent les rois Philippe IV le
Bel et Edouard Ier à compter de 1285, l'antagonisme
croît entre les sires de Castelnaud et ceux de Beynac.
La situation explose lorsque débute la Guerre de Cent
Ans. Les deux places se font face et leurs maîtres successifs
se livrent une lutte sans merci. A cinq reprises, Castelnaud
est arraché aux Anglais. Par cinq fois ils est repris.
La lutte s'achève en 1442, lorsque Pons de Beynac obtient
la reddition définitive de la garnison, moyennant le
versement d'une somme de 400 écus d'or.
A la charnière
des XVe et XVIe siècles, les défenses de Castelnaud
sont augmentées et adaptées aux armes à
feu, comme en témoignent les nombreuses canonnières
à la française qui constellent les murailles.
Mais à l'instar
de Beynac, les heures de gloire de Castelnaud sont terminées
et les sentiers de l'histoire s'éloignent de ses épaisses
murailles. La Révolution éteint les derniers
feux de vie et le château est abandonné aux pioches
des carriers d'occasion. Il faut attendre 1980 et son classement
comme Monument Historique pour déceler l'esquisse d'un
renouveau. Lieu prédestiné entre tous, la vieille
place forte qui a connu tant de batailles abrite depuis 1985
un musée de la guerre au Moyen Age.
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Description :
La partie la plus
ancienne est constituée d'un grand donjon carré
de 30 mètres de haut pour une base d'une dizaine de
mètres de côté. Il est couronné
de mâchicoulis (XIV-XVe siècles) et ses murailles
ne sont percées que de rares ouvertures. Il domine
une haute cour délimitée par une courtine irrégulière
élevée d'une vingtaine de mètres. Un
puits et une citerne permettaient d'alimenter la garnison
en eau potable. A l'orient s'élève un logis
rectangulaire à beaux contreforts plats du côté
de l'abîme. Au sud se dressait un second corps de logis
aujourd'hui disparu. De ce même côté, défendant
l'accès principal à la forteresse, trône
toujours une imposante tour d'artillerie cylindrique construite
sans doute dans la seconde moitié du XVe siècle.
Ce groupe de bâtiments forme un ensemble compact et
assez homogène, commandant fortement au reste de la
place. Il est complété par une étonnante
tour à éperon sur sa face septentrionale.
Au nord toujours,
s'ouvre une très vaste basse-cour presque rectangulaire
délimitée par une courtine adaptée à
l'usage de l'artillerie, sans doute édifiée
à l'extrême fin du XVe siècle ou dans
les toutes premières années du XVIe siècle.
Elle est flanquée côté ouest de deux belles
tours hémicylindriques ouvertes à la gorge.
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