La connaissance du
site d'Albon passe par deux types de sources : écrites
et archéologiques. L'étude des vestiges n'a
pas permis de déterminer précisément
l'organisation et la forme des bâtiments du site, ceux-ci
étant très mal conservés (à l'exception
de la tour). Heureusement, trois comptes rendus de visites
réalisés au XIVe fournissent un cliché
instantané de ce à quoi ressemblait le site
en cette fin du Moyen-Âge.
Le site d'Albon témoigne
d'une occupation humaine dès le VIIIe siècle.
Le flanc Nord du promontoire est alors bordé par une
petite chapelle à chevet plat construite en pierre.
Au Sud-ouest de cet édifice de culte, les traces d'un
bâtiment de bois et de plusieurs silos furent retrouvées.
Le site devait être ceint par un rempart de terre, dont
le tracé n'est pas précisément établit.
Le site connaît
un important développement au cours du XIIe siècle.
La chapelle est étendue vers l'Est, sa nef est agrandie
et l'abside est désormais semi-circulaire. Mais l'aménagement
principal de cette résidence aristocratique consiste
en un vaste bâtiment que les textes nomment aula. Cet
édifice rectangulaire - véritable palais - mesure
plus de 30m de long par 11m de large hors-uvre, ce qui
suggère son importance au sein du site. Deux parties
constituent en fait cette aula : la partie Nord, dans laquelle
se superposent deux vastes pièces (23m x 9m), et la
partie Sud, plus petite (6m x 9m), qui présente un
niveau de plus.
Dans la partie Nord, le premier niveau était dédié
au stockage de denrées diverses, comme en témoignent
notamment les silos retrouvés au cours des fouilles.
Un escalier menant au deuxième niveau était
appuyé contre le mur séparant cette pièce
de la partie sud de l'édifice. Par ailleurs, une porte
percée dans ce même mur faisait communiquer les
deux parties de ce bâtiment.
Le deuxième niveau, accessible par l'escalier déjà
évoqué ou bien par un imposant escalier en pierre
appuyé contre la façade Ouest, avait une vocation
bien plus prestigieuse : cette Grande Salle accueillait les
manifestations publiques organisées par le seigneur
: festins, affaires de justice, réceptions
C'est
également dans cette pièce que l'entourage du
seigneur pouvait être, plus ou moins fréquemment,
amené à résider. De grandes fenêtres
donnant sur la vallée du Rhône (à l'Ouest)
devaient éclairer cette salle noble, très probablement
ornées d'enduits peints. Les visites du début
du XIVe mentionnent qu'une tribune était appuyée
contre le mur Sud ; peut être servait-elle aux musiciens
En face, dans le mur nord, se trouvait une cheminée
semi-circulaire, élément d'apparat autant que
de chauffage.
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La partie sud de
ce palais n'a pas encore été fouillée.
Tout au plus peut on s'appuyer sur les visites du XIVe, qui
ne permettent pas d'analyse très poussées
Les trois pièces superposées sont mentionnées
comme étant des camerae (des chambres). Elles étaient
très probablement destinées aux différents
membres de la famille du seigneur, mais ont également
pu servir de lieu de réception plus privatif que la
Grande Salle, dans le cadre de manifestations plus intimes.
Au XIIIe, un bâtiment
est accolé contre le flanc Est du palais. Les textes
comme l'archéologie indiquent que cet ajout avait une
fonction utilitaire et dut même servir d'écurie.
A cette époque est également construite l'enceinte
de pierre qui ceignait le site et se raccordait à l'enceinte
du bourg, située en contrebas du promontoire.
La tour sur motte,
enfin, fut également construite au XIIIe. Elle ne mesure
que 8m de côté et les trois niveaux qui la constituent
ne disposaient d'aucun élément de confort. Les
rares ouvertures dont elle est percée suggèrent
que cet édifice ne servit pas à la résidence
- sauf à celle des prisonniers.
Le statut de cette tour est particulier : édifiée
dans le courant du XIIIe sur un modèle désuet
- celui de la tour sur motte - son rôle est essentiellement
symbolique : elle matérialise la présence à
Albon du pouvoir comtal, se substituant aux Dauphins qui ont
changé de lieu de résidence (préférant
Grenoble - siège de leur gouvernement - ou d'autres
palais comme Beauvoir-en-Royans).
Concernant le palais,
Jean-Michel Poisson et Johnny de Meulemeester ont bien montré
la filiation architecturale entre Albon et les lieux de résidence
des princes germaniques ; le site d'Albon se trouve en Terre
d'Empire et c'est d'ailleurs l'empereur du Saint Empire Romain
Germanique lui-même qui donna à la famille d'Albon
le titre de comte. L'édification du palais est probablement
liée à cet événement.
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