L'histoire du Novum
Castrum s'écrit en parallèle avec celle du célèbre
château de Gisors
et plus généralement des fortifications de la
vallée de l'Epte. Frontière naturelle entre
la Normandie et le royaume de France, le cours de cette paisible
rivière se hérissa sur ses deux rives de nombreuses
forteresses durant le XIIe siècle. Du nord au sud,
Gournay-en-Bray, Neuf-Marché, Gisors, Neaufles-Saint-Martin,
Dangu, Château-sur-Epte, Baudémont et Gasny côté
normand, répondirent à Gerberoy, Trie, Chaumont-en-Vexin,
Courcelles, Boury, Saint-Clair-sur-Epte et La Roche-Guyon,
appartenant à la mouvance du roi de France.
Certainement l'année
même où il fonda Gisors (1097), le roi d'Angleterre
Guillaume II le Roux (1087-1100), alors régent de Normandie,
prit la décision de créer également une
forteresse faisant directement face à Saint-Clair-sur-Epte.
L'historien normand Orderic Vital (XIIe siècle) parle
du " château neuf que Guillaume le Roux fit bâtir
à Fuscelmont ", du nom de la paroisse locale.
Cette construction primitive était probablement constituée
de l'énorme motte artificielle que l'on voit encore
de nos jours, couronnée par une tour et des palissades
en bois et précédée d'une vaste basse-cour.
Il serait étonnant
que le roi d'Angleterre et duc de Normandie Henri Beauclerc
(1106-1135 dans le duché) n'ait pas renforcé
la place par de solides murailles en pierre, même si
aucune preuve irréfutable ne permet actuellement d'étayer
cette théorie. Château-sur-Epte verrouillait
en effet l'ancienne route romaine reliant Rouen à Paris,
via Radepont, Magny-en-Vexin et Pontoise (aujourd'hui RN 14).
Le lieu présentait donc un intérêt majeur.
Louis VI le Gros l'assiégea vainement en 1119.
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Mais c'est Henri
II Plantagenêt (1151-1189) qui, à l'aube des
années 1180, modifia en profondeur la structure du
château. Annexé par Philippe II Auguste en 1196
(traité de Gaillon), Château-sur-Epte perdit
tout intérêt stratégique et ne joua qu'un
rôle mineur dans les événements historiques
ultérieurs.
L'énorme motte
tronconique constitue l'élément le plus ancien
du site. Elle est indiscutablement due à Guillaume
le Roux à la fin du XIe siècle. Elle fut assez
tôt surmontée d'une tour résidentielle
circulaire (deuxième quart du XIIe siècle ?),
disposition relativement rare à cette époque
où prédominaient les grands donjons quadrangulaires
type Loches. On l'entoura
assez rapidement d'une chemise en pierre.
A l'avant s'ouvre
une vaste basse-cour assise sur un plateau naturel. Elle était
à l'évidence originellement fossoyée
et palissadée et fut fermée d'une enceinte en
pierre par Henri Plantagenêt. Deux belles portes en
arcs brisés sont percées à l'ouest et
à l'est, dans des tours rectangulaires massives à
contreforts plats. On retrouve semblable agencement à
Gisors (porte des Champs). La porte ouest fut dotée
à la fin du XIVe siècle ou au début du
XVe siècle d'un pont-levis à flèches.
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