Le château
de Gisors est constitué de trois ensembles bien distincts
conçus du XIe au XIIIe siècle, mais régulièrement
adaptés à l'évolution des techniques
et des conceptions architecturales jusqu'au XVIe siècle.
La partie la plus
ancienne est constituée par une grosse motte tronconique
haute de 30 mètres et d'un diamètre d'environ
70 mètres à la base, pour une circonférence
totale de 220 mètres. Elle supportait à l'origine,
selon toute vraisemblance, une tour de bois entourée
d'une palissade. Ces constructions légères furent
progressivement remplacées durant le règne de
Henri Beauclerc en Normandie (1106-1135), par un grand donjon
de plan octogonal et une chemise polygonale haute de près
de 10 mètres, soigneusement appareillée, anciennement
crénelée et flanquée au nord-ouest de
trois tours quadrangulaires. Selon Jean Mesqui, la tour maîtresse
découpée primitivement en quatre niveaux planchéiés,
fut surélevée vers 1170-1180 de deux niveaux.
De ces décennies dateraient également les contreforts
qui lui confèrent cet aspect si massif. La tourelle
d'escalier n'apparut qu'au XIVe siècle. On pénétrait
initialement dans ce bel édifice par une porte ménagée
en hauteur, conformément aux canons en vigueur à
l'époque romane. Dans l'enceinte délimitée
par la chemise furent édifiés sous Henri II
une chapelle et quelques bâtiments à vocation
domestique.
|
Henri II fit construire
autour de ce noyau primitif une gigantesque muraille de forme
rectangulaire cernée de profonds fossés et flanquée
de plusieurs tours. La similitude de certaines (à bec
ou éperon) avec d'autres spécimens attribuables
aux Plantagenêts (Loches à la charnière
des XII et XIIIe siècles notamment) est indéniable.
Elles sont le plus souvent percées de belles archères
à niches assurant une parfaite défense des abords
des courtines. Deux accès furent ménagés
au sud (porte du Gouverneur donnant sur la ville) et au nord
(porte des Champs).
Philippe Auguste
renforça l'angle sud-est par une tour cylindrique,
conservée sur 28 mètres. Sa base est fortement
talutée comme dans toutes les constructions philippiennes.
Elle affiche un diamètre de 13,80 mètres pour
une épaisseur de murailles qui taquine les 4 mètres.
Comme nous l'avons évoqué à maintes reprises,
elle eut en France de nombreuses surs. Mais seules sont
encore visibles les tours de Verneuil-sur-Avre (Tour Grise),
Villeneuve-sur-Yonne, Chinon (Tour du Coudray), Falaise (Tour
Talbot), Lillebonne, Montlhéry, Rouen (Le Donjon),
Issoudun (Tour Blanche), Vernon (Tour des Archives) et Dourdan.
Au début du
XVIe siècle enfin, furent réalisés quelques
aménagements destinés à faciliter l'utilisation
d'armes à feu.
Précisons
enfin qu'il existe sous la forteresse des souterrains reliant
le pied de la motte à l'emplacement de l'ancien logis
et à la porte du gouverneur.
|