Naissance d'une forteresse
Harcourt du latin
« Hariulfi Curtis » signifie « le domaine
d'Harolf » ou « le domaine du loup ». Il
s'agit peut-être là d'un indice d'une occupation
à l'époque carolingienne.
Selon une tradition
fort ancienne, c'est après le traité de Saint-Clair-sur-Epte
(911) que Rollon, nouveau maître de la Normandie, octroie
à un certain Bernard le Danois la terre d'Harcourt.
Anchetil, quatrième seigneur des lieux, prend le nom
du domaine dans le courant du XIe siècle (avant 1066).
Errand, son fils aîné et successeur, accompagne
Guillaume le Conquérant en Angleterre et participe
à la bataille d'Hastings (14 octobre 1066). Vers 1078,
il revient en Normandie auréolé de gloire et
se retire à Harcourt. La forteresse daterait de cette
époque selon certains historiens. Il s'agit sans doute
à cette époque de l'un de ces châteaux
en terre et en bois, si répandus au XIe siècle.
Le second château
est bâti par Robert II le Fort dans la seconde moitié
du XIIe siècle. Une charte de l’abbaye du Bec-Hellouin
(Eure) le mentionne en 1173-1174 et une autre, de Notre-Dame-de-Barbery,
date sa construction après 1175. Robert accompagne
Richard Cœur de Lion en Terre sainte (1189) et le suit
jusqu'en captivité.
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Vassaux des rois
de France
En 1204, après
la chute du Château-Gaillard,
le roi Philippe Auguste met la main sur la Normandie et les
Harcourt deviennent rapidement de fidèles vassaux des
Capétiens. Jean Ier accompagne saint Louis lors de
ses deux croisades (1248 et 1270). C'est très certainement
ce même Jean Ier qui donne à la forteresse l'aspect
philippien qu'on lui connaît
encore de nos jours.
Jean IV, premier
Comte d'Harcourt, pousse la fidélité envers
son suzerain, le roi de France Philippe VI de Valois, jusqu'à
mourir sur le champ de bataille de Crécy (25 août
1346). Pour la petite histoire, son frère cadet, Geoffroi
d'Harcourt, combat alors aux côtés du roi d'Angleterre
Édouard III. Jean VI sert d'otage de 1360 à
1364 à Londres pour garantir l'exécution du
traité de Brétigny. Il reçoit plus tard
une confortable subvention royale et entreprend de nombreux
travaux au château d'Harcourt.
Les Anglais s’emparent
de la place en mars 1418, lors de l'invasion de la Normandie
par Henri V d'Angleterre. En août 1449, les troupes
commandées par Dunois mettent le siège devant
Harcourt. L’artillerie française y est présente
en force, comme l'attestent les « Vigiles de Charles
VII » de Martial d'Auvergne : « le siège
y fut près de huit jours et puis les engins si tirèrent
si fort contre carneaulx [créneaux] et tous que les
murs tout oultre percèrent ». Après 31
ans d’occupation, les Anglais abandonnent Harcourt le
15 septembre 1449.
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