Le roi Philippe II
Auguste (1180-1223) a fait bâtir au travers de son royaume
une grande quantité de tours présentant d'importantes
similitudes entre elles. Pour parvenir à cet étonnant
résultat, il a créé un corps de spécialistes
chargé de concevoir des normes de construction standardisées.
Ces hommes ont probablement sillonné les terres de
leur maître avec un plan type dans leurs bagages, qu'ils
adaptaient au gré des circonstances. Ces tours étaient
souvent utilisées pour renforcer le point faible d'un
château plus ancien ou d'une enceinte urbaine antérieur.
La Tour Grise de Verneuil peut incontestablement être
rattachée à cette série d'édifices.
Elle se dresse toujours
à la sortie de la ville en direction de Chartres. Préservée
sur 25 mètres, elle est en poudingue ferrugineux, ce
qui lui confère sa teinte si particulière. Sa
base pleine est légèrement talutée et
elle possédait à l'origine un fossé aujourd'hui
comblé. On y pénètre par une porte située
à l'ouest en rez-de-chaussée, mais une seconde
porte existe à l'est. Un cadre maçonné
parfaitement visible permettait de recevoir le tablier d'un
pont mobile en bois. L'épaisseur des murs est de 3,85
mètres pour un diamètre total de 16 mètres.
Le diamètre intérieur est donc de 8,30 mètres.
Le rez-de-chaussée est voûté en ogives
avec six nervures. Les culots ne sont pas sculptés.
La tour est découpée en trois volumes internes.
Ils sont desservis par un escalier logé dans la maçonnerie
sud. La face extérieure sud est percée de 7
fentes de jour. La tour grise de Verneuil a été
érigée sans doute peu après la conquête
de la Normandie par Philippe Auguste, en 1204.
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Des tours de ce type
ont donc poussé un peu partout dans le domaine royal
après l'avènement de Philippe Auguste. La plus
ancienne attestée est la Grosse Tour de Bourges, aujourd'hui
disparue. Le Louvre ensuite,
château complet, sert sans doute de laboratoire aux
architectes royaux. C'est le modèle de son grand donjon
qui sera décliné à l'infini. Si les tours
de Montargis, Sens ou Orléans sont perdues à
jamais, celles de Gisors
(Tour du Prisonnier), Villeneuve-sur-Yonne,
Chinon (Tour du Coudray),
Falaise (Tour Talbot),
Lillebonne, Montlhéry, Rouen
(Le Donjon), Issoudun
(Tour Blanche), Vernon (Tour des Archives) et Dourdan
(château complet de plan philippien avec sa grosse tour)
sont en revanche toujours visibles.
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