Une note datant
de la fin du XVIIe siècle nous donne une description
assez fidèle du site :
"… la situation
est une grosse tour bâtie de grisons, dont les murailles
sont de 18 pieds d'épaisseur pour le rez-de-chaussée
et de 12 pieds pour le haut, laquelle commande dans une plaine,
au pied de laquelle est un fossé à sec, un pont-levis,
avec une terrasse qui règne autour, revêtue d'éperons
et entourée d'un fort large fossé ras d'eau,
un pont-levis et un gros pavillon carré qui le défend.
Une grande cour dans laquelle sont toutes les commodités
; un grand corps de logis où sont les chambres à
la vieille mode ; une chapelle construite en bois ; des écuries,
bergerie et autres commodités ; et trois grandes granges.
Laquelle cour est entourée d'un autre grand fossé
à ras d'eau, un pont-levis et un gros pavillon avec
chausse-trappe et herse… "
La basse-cour :
Il ne reste aujourd'hui,
du gros pavillon d'entrée, que les murs latéraux,
un arc brisé et la rainure de la herse. Des commodités
subsistent quelques bâtiments rustiques dont une maison
à abside demi circulaire (chapelle ?).
Le noyau fortifié
:
Séparé
de la basse-cour par un large fossé rempli d'eau, cet
îlot est ceint d'un rempart de terre couronné
par une courtine flanquée de cinq tours semi-circulaires.
Cette chemise, fortement ruinée de nos jours, a remplacé
au début du XIIIe siècle les " haies et
plessis " du texte du XIIe siècle.
Pour franchir le
fossé d'eau, une passerelle bétonnée
a remplacé le pont-levis du gros pavillon carré.
Cette tour-porte, construite en grès roussard, est
munie de deux contreforts sur sa face nord. On y pénètre
désormais par le rez-de-chaussée mais la porte
d'origine se situe au premier étage. Une partie du
crénelage se voit encore au niveau supérieur.
Cette seconde tour, qui avait aussi la fonction de logis (les
traces d'une cheminée sont conservées au premier
étage), renforçait la puissance de la place
forte.
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Le donjon circulaire
:
Le donjon, d'un diamètre
extérieur de 14,65 m et intérieur de 7,45 m,
a conservé ses quatre étages, sur une hauteur
de 19 m. Le rez-de-chaussée, doté d'un puits
en son milieu et éclairé par des soupiraux,
était réservé au stockage.
L'entrée du
donjon se trouve au premier étage. Une passerelle,
reliant le chemin de ronde de l'enceinte circulaire situé
au même niveau, en permettait l'accès. Cet étage
" défensif " -présence d'une belle
archère à étrier triangulaire et double
croisillon horizontal - ne négligeait pas le confort,
comme en témoignent la cheminée et la latrine.
L'étage supérieur
- le logis seigneurial - dispose de deux belles fenêtres
(baies sous arcs de décharge plein cintre) et d'une
porte donnant peut-être sur un balcon. La fonction résidentielle
de cet étage est renforcée par la présence
d'une cheminée et d'une latrine, comme au niveau inférieur.
Une deuxième archère, côté sud-ouest,
complétait le système défensif. Le dernier
étage était, lui aussi, dédié
à la défense. Il a conservé, quasi intact,
son crénelage d'origine, ses merlons fendus d'étroites
archères et ses trous de boulins qui accueillaient
le hourdage sommital.
Il faut enfin noter
que le côté du donjon visible depuis la basse-cour
est réalisé en bel appareil moyen, tandis que
l'autre côté ne bénéficie que d'un
simple blocage. Faut-il y voir un désir d'économie
ou un revers de fortune du seigneur de Bois-Ruffin ?
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