L'édifice
conserve l'austère allure des forteresses médiévales,
mais annonce par bien des aspects les premières influences
Renaissance. Les façades vers le Loir et l'ouest sont
d'une étonnante verticalité, étayées
par de puissants contreforts et couronnées de mâchicoulis.
La partie la plus
ancienne est une massive tour cylindrique bâtie dans
le denier tiers du XIIe siècle par le comte Thibaut
V de Blois. Elle possède deux niveaux voûtés
en coupole et un troisième sous combles. La charpente
fut commandée par Dunois en décembre 1450. Cette
tour s'élève à 30 m, affiche un diamètre
de 17 m et possède des murs épais de 4 m. Des
galeries de circulation et de surveillance des extérieurs
sont ménagées dans les reins (partie élargie
de la muraille à la base des voûtes) des deux
coupoles. L'accès était autrefois percé
au premier niveau, disposition relativement archaïque
héritée de l'époque romane. Une vis emmène
vers l'étage supérieur. Le rez-de-chaussée,
totalement aveugle, était uniquement desservi par un
trou central.
Les logis de Châteaudun
constituent un ensemble charnière pour l'appréhension
du style gothique flamboyant et son mélange avec les
tendances venues d'Italie. La Sainte-Chapelle vient s'appuyer
sur la tour de Thibaut V. Elle possède un double sanctuaire
(chapelle haute et chapelle basse). Les flancs sont percés
de belles baies flamboyantes. La nef est ornée d'une
douzaine de statues de saints et saintes. On y trouve également
une figuration probable de Dunois. Sur le mur sud, près
du chur, apparaît une splendide peinture représentant
le Jugement Dernier.
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Dans l'angle formé
entre la chapelle et l'aile Dunois s'élève une
vis externe. Cette aile Dunois s'élève sur plusieurs
niveaux. Aux sous-sols sont installées de gigantesques
cuisines, des cellules et, summum du raffinement et de l'hygiène,
une étuve, comme au logis des chanoines de Montreuil-Bellay
ou au palais Jacques Cur de Bourges. Les appartements
sont ménagés dans les étages supérieurs.
On y remarque notamment l'agencement des chambres princières
(parement, retrait, chambre) et la grande salle. La domesticité
était relayée sous les combles. Dans le retour
d'angle nord s'élève un bel escalier à
vis à la riche décoration flamboyante. On y
relève particulièrement la présence de
fleurs de lis, rappelant l'origine prestigieuse des comtes
de Dunois, et l'existence de paliers formant des loggias,
comme à Nantes.
Le chantier de l'aile
Longueville fut pour sa part lancé sous François
Ier. Elle a considérablement accru les espaces habitables
et abritait une grande salle basse ainsi que les appartements
de Catherine d'Alençon, épouse de François
II de Longueville. Les cheminées portent un décor
soigné. A l'extrémité de ce corps de
bâtiment s'élève une seconde vis interne,
avec des paliers et loggias. Elle est couverte de motifs flamboyants
côtoyant des décorations préfigurant la
Renaissance (oiseaux, végétaux). La vis de Châteaudun
est l'une des plus anciennes de ce type en France et préfigure
à ce titre les réalisations postérieures
de Chaumont-sur-Loire
ou de Blois.
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