Le site est occupé
depuis la préhistoire, comme l'attestent les nombreux
silex taillés exhumés du sous-sol. Une très
ancienne tradition régionale, totalement invérifiable,
attribue la fondation d'un castrum primitif à Charlemagne
en personne. Le château émerge réellement
des limbes de l'histoire au XIIe siècle. Le donjon
du Château Vieux date probablement de cette époque.
Un village se groupe à l'ombre de ce noyau protecteur.
Les fortifications sont complétées progressivement
aux XIIIe et XIVe siècles.
Mais c'est à
la famille de Got que Roquetaillade doit sa prospérité.
Cet illustre lignage local a donné d'éminents
membres au haut clergé aquitain. Bertrand de Got, premier
du nom, a longtemps occupé le siège épiscopal
d'Agen. Béraud de Got a obtenu pour sa part la pourpre
cardinalice. Mais la palme revient sans conteste à
Bertrand de Got, second du nom, d'abord évêque
de Comminges (1295), puis archevêque de Bordeaux (1299),
et enfin élu pape en 1305 sous le nom Clément
V. Le nouveau pontife se construit vite un somptueux château-palais
à Villandraut,
où il est né vers 1270. Clément est particulièrement
célèbre pour avoir installé la papauté
en Avignon, mais aussi pour le rôle ambigu qu'il joue
dans la mise à mort de l'ordre du Temple. Il est également
réputé pour son penchant au népotisme.
Plusieurs châteaux du secteur sont construits ou rénovés
avec les fonds qu'il baille généreusement aux
membres de sa famille : Budos, Duras, et dans une moindre
mesure Blanquefort. Sa nièce, Elipide de Got, a épousé
le sire Amanieu de la Mota. Le bon oncle sanctifie l'union
d'une belle poignée de deniers et les la Mota commencent
à aménager Roquetaillade. Gaillard de la Mota,
fils de ce couple favorisé et cardinal en 1316, lance
certainement le chantier du Château Neuf entre 1306
et 1316.
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Roquetaillade change
de lignage au gré des mariages. Au XVIe siècle,
il passe aux Lansac qui y entreprennent des travaux de modernisation.
Le site échappe par miracle à la destruction
durant la révolution.
Au XIXe siècle,
Roquetaillade appartient au marquis de Mauvesin et à
son épouse. Le Château Neuf menace ruine, mais
le couple nourrit une volonté de restaurer cet ensemble
unique. Ils s'attachent les services du fameux architecte
Eugène Viollet le Duc, déjà célèbre
pour ses interventions à Notre-Dame de Paris, Vézelay,
Pierrefonds et bien sûr Carcassonne. L'ouvrage débute
en 1866, en relation étroite avec Edmond Duthoit, disciple
du maître, qui signe notamment la décoration
intérieure de la chapelle. Mais à cour de finances,
les Mauvesin abandonnent leur projet avant son achèvement.
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