Le château
occupe un promontoire naturel serti dans une boucle du Nançon,
affluent du Couesnon. Les eaux de la rivière furent
utilisées pour inonder tout le pourtour de la forteresse
et former ainsi de larges douves, mais également afin
d'alimenter les moulins seigneuriaux.
Le château
est pour l'essentiel bâti en moellons de schiste avec
chaînages et lits en granit soigneusement taillé.
Malgré les diverses époques architecturales
représentées dans cette véritable encyclopédie
castrale médiévale, la similitude des matériaux
confère à l'ensemble une saisissante homogénéité.
La barbacane est
l'ouvrage le plus bas. Elle fut érigée du côté
de l'attaque par Raoul III de Fougères après
1230. Elle dessine une petite enceinte presque rectangulaire
de 30 mètres sur 20 mètres. On y pénètre
depuis l'extérieur par une tour-porte carrée,
à sas barré par deux herses. Elle coupe une
petite courtine reliant deux tours cylindriques de 6 mètres
de diamètre. Ces trois édifices sont percés
de nombreuses archères, dans l'esprit du XIIIe siècle.
On accède
à la vaste basse-cour par une seconde tour-porte (Tour
de Coëtlogon) bâtie au XIIe siècle et flanquée
par la Tour de Coigny (après 1230). Sur la muraille
sud venait autrefois s'adosser le palais dont il ne reste
plus que les substructions. Il fut construit au XIIe siècle
et modifié jusqu'au XVe siècle. Il possédait
deux grandes salles dont une sur deux niveaux, une cuisine,
une chapelle et plusieurs chambres. Il s'élevait sur
au moins un étage. La courtine sud fut renforcée
à la fin du XVe siècle par deux puissantes tours
à canons : les Tours Raoul et Surienne. Leurs bases
sont légèrement talutées et plongent
dans les douves. Elles possèdent de nombreuses canonnières
latérales, une épaisseur de maçonnerie
impressionnante et sont couronnées de beaux mâchicoulis
bretons (en pyramide renversée). Elle sont aussi larges
que hautes (20 mètres) et donc particulièrement
trapues.
|
Au point le plus
reculé, au sommet du promontoire, nous trouvons l'emplacement
du castrum primitif. Il s'agissait à l'origine d'une
simple tour de bois cernée de palissades. Ces modestes
fortifications furent progressivement remplacées par
des constructions plus solides. La Tour des Gobelins fut sans
doute érigée vers 1230 par Raoul III. La Tour
Mélusine, la plus haute du château avec ses 30
mètres, date de l'époque des Lusignan. Dans
la cour se lisent les fondations d'une tour polygonale d'époque
indéterminée. Elle ne fut jamais érigée,
mais son plan au sol n'est pas sans rappeler celui des donjons
de Bricquebec (Manche), Largoët-en-Elven (Morbihan) ou
Oudon (Loire-Atlantique). Ces édifices datent tous
de la seconde moitié du XIVe siècle. Au XVe
siècle, on dota la forteresse d'un accès au
nord. On dressa devant la Tour des Gobelins un petit corps
avancé formant barbacane, avec une porte (Porte d'Amboise)
dotée d'un pont-levis à flèches et percée
de multiples canonnières.
|