La Tour Blanche
est plantée sur une motte tronconique d'une quinzaine
de mètres de hauteur. Elle culmine pour sa part à
27 mètres. Son diamètre total dans sa partie
cylindrique atteint 15 mètres, pour un diamètre
intérieur de 7 mètres. Ses murs sont épais
de 4 mètres et elle est dotée d'un puissant
éperon tourné vers le nord-est. Cet attribut
caractéristique, de même que l'absence de base
talutée, semble devoir la rattacher à la sphère
d'influence des Plantagenêts. Elle s'apparente notamment
aux donjons de Château-Gaillard
ou de La Roche-Guyon,
mais présente aussi un cousinage avec les tours en
amande de Loches ou du
Coudray-Salbart.
Elle possédait
autrefois cinq étages. Le grand volume du rez-de-chaussée
actuel était décomposé en deux parties,
comme l'indique la présence d'une console de pierre
galopant sur toute la circonférence. On accédait
à la tour par le troisième niveau (aujourd'hui
second), grâce à une porte en plein cintre ménagée
dans le flanc nord de l'éperon et desservant une vis
alimentant les étages supérieurs. Octogonale,
elle a reçu une belle cheminée, un puits dans
un dégagement au sud et une voûte d'ogives à
huit nervures retombant sur des culots sculptés de
motifs simples. Ces aménagements sont plutôt
caractéristiques de l'architecture capétienne,
ce qui laisse supposer que l'ensemble a été
achevé par les ingénieurs de Philippe Auguste,
après l'annexion de la place en 1200. Une mention dans
les comptes royaux de 1202-1203 fait par ailleurs état
de 400 livres parisis dépensées pour aménager
une toiture en plomb. Le niveau 3 est également percé
de larges fenêtres, dispensant agréablement la
lumière du jour. Le niveau quatre était planchéié
et le dernier étage peut-être sous combles. L'ensemble
était hourdé, comme en attestent les trous de
boulins visibles au sommet de l'édifice. Le couronnement
a cependant été refait au XIXe siècle.
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Les fondations de
la Tour Blanche s'enfoncent profondément dans l'éminence
artificielle. La terre fut même à l'évidence
amenée postérieurement à la construction
(technique de " l'emmottage ", dont l'on trouve
un exemple précoce à Doué-la-Fontaine)
pour protéger la base de toute tentative de sape. On
distingue parfaitement sur les façades nord et sud,
les chaînages bien appareillés reliant la muraille
circulaire à l'éperon. L'entrée à
la Tour Blanche était protégée par une
petite enceinte au nord, dont il subsiste des vestiges significatifs.
Elle est probablement plus ancienne que la Tour Blanche et
constituerait un reste du castrum primitif. Elle abritait
peut-être une ancienne chapelle, sans qu'aucune certitude
en ce sens ne soit réellement établie. L'ensemble
est en parti construit avec des matériaux antiques,
provenant d'un site gallo-romain localisé dans les
environs.Notons que l'espace intérieur de la Tour Blanche
a été intelligemment mis en valeur et présente
un intéressant historique du site.
L'enceinte de ville
:
Il reste également
à Issoudun d'importants vestiges de l'enceinte de la
ville haute. Le Beffroi est une ancienne porte de ville, peut-être
du XIIIe siècle comme le suggère son agencement
avec passage entre deux tours cylindriques. Mais l'ensemble
a copieusement été refait dans le style Renaissance.
D'importantes portions de remparts sont conservées
au sud, et suivent l'éminence naturelle à l'extrémité
de laquelle trône la Tour Blanche. On relève
des tours de flanquement de factures diverses, rondes ou quadrangulaires,
généralement arasées ou surmontées
de bâtiments d'époques diverses.
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