Il exista sans doute
très tôt une construction militaire sur le site
de l'actuel château de Clisson, mais aucune preuve d'occupation
antérieure au XIe siècle n'a pu encore être
mise à jour. Le promontoire rocheux constituait cependant
un emplacement de choix, au confluent de la Sèvre Nantaise
et de la Moine. Il jouxtait également les possessions
des puissants comtes d'Anjou et celles des non moins puissants
vicomtes de Thouars. Sans cesse exposés aux attaques
de leurs voisins, les comtes de Nantes puis les ducs de Bretagne
encouragèrent certainement la fortification des lieux.
Il y eut peut-être dès le XIe siècle une
motte castrale palissadée à Clisson, comme l'atteste
probablement l'étymologie du toponyme (Ancien Français
" clice " signifiant osier tressé, dérivé
de " claie ", clôture).
Clisson dépendait
à l'origine du pagus de Tiffauges (Vendée).
Deux personnages nommés Gaudin et Gui de Clisson sont
mentionnés vers 1035 dans la charte de fondation du
prieuré de Champtoceaux (Maine-et-Loire) et il est
possible d'envisager la création du château vers
cette époque. A la fin du XIIe siècle apparaît
un certain Guillaume de Clisson (m. vers 1218), qualifié
dans un acte contemporain de " Dominus Clicii ".
Il est généralement considéré
comme le bâtisseur des premières structures en
pierre. Les Templiers s'installèrent également
à Clisson vers 1150, y fondant une importante commanderie.
Les moines guerriers, qui possédaient près de
la moitié de la ville, se disputèrent régulièrement
l'autorité avec les seigneurs locaux. On en vint parfois
même aux mains : Guillaume de Clisson tua l'un des hommes
du Temple et ravagea partiellement les biens de l'ordre dans
la région. Cet acte lui valut la condamnation à
une lourde amende.
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La famille de Clisson
joua au XIVe siècle un rôle important dans les
histoires de Bretagne et de France. Durant la guerre de Succession
de Bretagne (1341-1365), Olivier III de Clisson, " un
des plus hauts barons de Bretagne " selon Froissart,
soutint ouvertement le parti de Jean de Montfort contre celui
de Charles de Blois, proche du roi de France Philippe VI de
Valois (1328-1350). Trahison suprême, il aurait livré
Vannes aux Anglais. Pris par les Français, Olivier
fut enfermé au Châtelet. Jugé pour haute
trahison, il fut " décolé (décapité)
à Paris où il fut beaucoup plaint sans jamais
pouvoir obtenir la grâce. " (Froissart) On exposa
pour l'exemple son corps au gibet de Montfaucon. Son fils,
Olivier IV, était alors âgé de sept ans.
Il s'exila en Angleterre en 1349 et ne revint en Bretagne
que dix ans plus tard.
Devenu adulte et
sans doute désireux de venger la mort de son père,
Olivier IV de Clisson adopta d'abord le parti de Montfort.
Puis il se rallia au roi Charles V et à Bertrand du
Guesclin. Il succéda à ce dernier à la
charge de connétable en 1380.
La lignée
des Clisson perdit sa place éponyme au profit du duc
de Bretagne Jean V en 1420. L'un de ses successeurs, son neveu
François II (1457-1488), agrandit l'enceinte vers l'ouest
et équipa la forteresse pour l'utilisation des armes
à feu. D'autres aménagements furent réalisés
dans la seconde moitié du XVIe siècle, durant
les guerres de Religions.
Incendié en
1793 pendant les guerres de Vendée, le château
conserva néanmoins intact l'essentiel de sa structure.
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