Le château
de Bonaguil existe au moins depuis la seconde moitié
du XIIIe siècle. Il est mentionné en 1271 et
dépend directement du roi Philippe III le Hardi.
Par le jeu des alliances
matrimoniales, il parvient dans le patrimoine des sires de
Roquefeuil durant la première moitié du XVe
siècle. Jean de Roquefeuil entame la modification de
la place vers 1443, mais c'est son fils, Bérenger,
qui lui donne toute sa splendeur à compter de 1483.
Le personnage est doté d'un caractère bien trempé.
Bérenger appartient en effet à l'engeance de
ces derniers grands féodaux imbus de leurs prérogatives,
qui regardent avec mépris l'émergence des mouvements
communaux et les progrès de l'absolutisme royal, tout
en rejetant les fastes de la vie de cour. Il s'intitule volontiers
- en toute modestie - " Homme puissant, noble et magnifique,
baron de Roquefeuil, de Blanquefort, de Castelnau, de Combret,
de Roquefère et comte de Naut. " Malgré
toute sa détermination, il perd devant le parlement
de Toulouse un procès qui l'oppose aux habitants de
sa châtellenie de Castelnau-Montratier. Par dépit,
il cache derrière les murs de Bonaguil son orgueil
blessé : " Par Monseigneur Jésus et tous
les saints de son glorieux paradis, j'élèverai
un castel que ni mes vilains sujets ne pourront prendre, ni
les Anglais s'ils ont l'audace d'y revenir, voire même
les puissants soldats du roi de France. " Il meurt aigri
et solitaire en 1530 derrière ses hautes murailles
et sa dépouille repose pour l'éternité
dans la petite chapelle castrale dominée par son défi
de pierre. Construit à l'écart de toute voie
principale de communication, en un lieu dépourvu d'importance
stratégique, Bonaguil n'eut d'autre fonction que d'afficher
la puissance d'un potentat en mal de reconnaissance. Comme
le souligne l'historien Max Pons, " Bérenger eut
surtout le tort de naître trop tard. " Thierry
Ribaldone conclue : " Il n'est pas exagéré
de dire que son Hastings ou son Cocherel, c'est Bonaguil.
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Propriété
de Marguerite de Fumel au XVIIIe siècle, le château
fait l'objet de transformations dans le goût du temps.
Des jardins en terrasse sont aménagés dans les
fausses-braies ouest et des ponts dormants se substituent
aux vieux ponts-levis. Menacé de destruction à
la Révolution, la ville de Fumel acquiert les impressionnantes
ruines en 1860. Prosper Mérimée obtient leur
classement dès 1862.
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