La seigneurie de
Laval apparaît dans le premier quart du XIe siècle.
Le château est construit par un certain Gui Ier de Dénéré
(ou de Laval), vassal du comte du Maine Herbert Ier Eveille
Chien (mort vers 1035). La dernière descendante directe
des sires de Laval, Emma de Laval, épouse au XIIIe
siècle Mathieu de Montmorency et la châtellenie
change ainsi de famille. A l'extinction de la lignée
masculine des Laval-Montmorency, à la mort de Gui XII
(1412), le château revient au gendre de ce dernier,
Jean de Montfort-Gaël. Afin de respecter la tradition
locale, Jean prend le nom de Gui XIII. Son fils, Gui XIV,
lui succède en 1415. Ce dernier, compagnon de Jeanne
d'Arc, obtient du roi Charles VII l'élévation
de la seigneurie de Laval en comté en 1429. La même
famille occupera la forteresse jusqu'en 1794. Il est par ailleurs
à noter que le célèbre Gilles de Retz
(ou de Rais), meurtrier notoire et modèle de Perrault
pour son " Barbe Bleue ", appartenait à une
branche cadette de la famille de Laval.
La forteresse trône
sur un promontoire rocheux dominant la Mayenne. Elle dessinait
autrefois une vaste enceinte polygonale flanquée de
sept tours cylindriques, dont un grand donjon circulaire planté
dans l'angle nord-est. Cette enceinte et les tours de flanquement
ne sont que partiellement conservées.
Il reste aujourd'hui
pour l'essentiel un grand corps de logis en équerre,
bâti entre le XIIIe et le XVe siècle. La partie
la plus ancienne appelée crypte, située sous
l'aile nord, est même peut-être antérieure.
On compte sur les façades extérieures nombre
de baies géminées et de fenêtres à
meneaux, émanant d'une volonté précoce
de rendre confortable la résidence. Dans la cour intérieure,
les façades témoignent d'une large inspiration
gothique déjà fortement mâtinée
des premières influences de la Renaissance.
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Dans le retour d'angle
externe trône la grosse tour maîtresse cylindrique.
Elle culmine à 45 mètres, possède un
diamètre de 14 mètres et des murailles épaisses
de 2,50 mètres. On devine une inspiration des canons
philippiens, tout en conservant quelques aspects archaïques.
La seule issue primitive notamment, se trouve au premier niveau,
dispositif hérité de l'époque romane.
La porte était protégée par un pont-levis
à treuil. La chaîne circulait grâce à
un orifice percé à la pointe d'une légère
ogive. Le tablier venait s'encastrer dans un logement maçonné
prévu à cet effet, joliment appareillé
avec un chaînage en roussard. La muraille est percée
de plusieurs archères à étriers. Elles
apparaissent généralement dans la sphère
d'influence capétienne vers le milieu du XIIIe siècle.
Les étages supérieurs possèdent de magnifiques
baies géminées. Les fenêtres de la façade
sud datent pour leur part du XVIe siècle. On circule
dans les étages au moyen d'une étroite vis.
Mais l'élément
le plus remarquable est sans conteste la couronne de hourds.
Il ne s'agît pas là, comme à Carcassonne
ou au donjon de Rouen, d'une reconstitution du XIXe siècle.
L'ouvrage de bois est contemporain de l'édification
du donjon : ces hourds sont donc les plus anciens de France
(XIIIe siècle). Leur hauteur totale (toiture comprise)
est de 9,50 mètres. Ils se présentent comme
une vaste roue de charrette posée au faîte de
la maçonnerie, dont les enrayures dépassent
le nu du mur de plusieurs dizaines de centimètres.
Les poutres forment ainsi des corbeaux de bois disposés
régulièrement, sur lesquels vient s'appuyer
le parapet en bois. Les espaces dégagés dans
le plancher font office de mâchicoulis. Un défenseur
pouvait donc battre le pied de la muraille depuis le sommet,
tout en restant à l'abri. Le poinçon central
de la charpente est décoré d'une belle rosace
sculptée, d'un diamètre de 0,90 mètre.
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