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MAJ le 14/03/2024
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Château de Largoët-en-Elven , XIVe, XVe siècle.


Textes et photos ©

Cette forteresse envoûtante est parfaitement représentative de la philosophie architecturale dominante dans les classes seigneuriales de ce temps. Les canons popularisés par Philippe Auguste avaient rendu caducs les grands donjons à usage d'habitation, bien que l'on continue à en trouver ponctuellement ici ou là entre 1200 et 1350. Dans la seconde moitié du XIVe siècle, le roi Charles V impulsa un mouvement inverse et réhabilita, à Vincennes notamment, les grosses tours à vocation résidentielle. Les membres de la noblesse suffisamment riches pour ériger des châteaux forts se réorientèrent également vers ce type de bâtiment. Outre l'influence constante de la couronne de France, nous voyons à cela deux raisons essentielles :

1/ la Guerre de Cent Ans correspond d'abord à une période de grave insécurité. Ce ne sont pas tant les raids anglais qui s'avèrent dévastateurs, mais plutôt les bandes errantes composées de mercenaires et de traînes-misères laissés sans solde, prêts à tout pour un morceau de pain ou quelques pièces d'or. Un tel bâtiment suffisait généralement à décourager une poignée, voire quelques dizaines de maraudeurs. Il occupait une surface au sol limitée et ne nécessitait pas une garnison pléthorique afin d'en assurer la sauvegarde.

2/ Pour une noblesse en pleine crise identitaire ensuite, un ouvrage de ce type rappelait aux gens des environs, au peuple, que le seigneur du lieu était tout puissant. En substance, ces grandes tours qui commencèrent à pousser de nouveau un peu partout en France après le milieu du XIVe siècle, réaffirmaient le pouvoir d'un homme ou d'un lignage sur une terre.

C'est dans ce contexte que doit se comprendre Largoët. La forteresse dessine une enceinte polygonale restreinte entourée de belles douves autrefois totalement en eau. Larges de 20 mètres, elles atteignent 10 mètres de profondeur. Un double pont-levis à flèches (charretier et piétonnier) permettait de les enjamber. Ces accès sont surmontés des armoiries des Rieux. Le châtelet d'entrée est composé de deux tours cylindriques datant du XIIIe siècle et d'un avant-corps droit bâti après l'acquisition de la place par ces mêmes Rieux.

Une imposante tour ronde pourvue de canonnières trône au nord-ouest. Seuls le rez-de-chaussée et le sommet sont destinés à la défense. Les niveaux intermédiaires avaient en revanche une vocation résidentielle. Sa construction est également attribuable aux Rieux. Des logis aujourd'hui ruinés s'appuyaient sur la courtine nord.

Ces structures sont dominées par la colossale tour maîtresse. De plan octogonal, elle s'élève encore sur plus de 44 mètres de hauteur par rapport au niveau de la cour, 54 mètres depuis le fond des douves. Sa base est légèrement talutée en degrés. Sa plus grande largeur atteint 24 mètres et ses murs 7 mètres d'épaisseur au rez-de-chaussée. Elle avait son fossé propre et était isolée du reste de la place par un petit pont-levis. Son volume intérieur se décomposait horizontalement en plusieurs niveaux planchéiés et chauffés, chacun constituant un vaste appartement confortable et chauffé avec pièce de vie, chambre et garde-robe ! Un oratoire à deux chapelles avait été aménagé au 3e étage. Le fût avait également été scindé sur toute sa hauteur en trois parties distinctes, de formes respectivement carrée (la plus grande, au centre), triangulaire et polygonale irrégulière. Les communications verticales étaient assurées par deux vis : la première était surtout réservée à la domesticité et desservait également des latrines, la seconde était une vis d'apparat. On admire encore au sommet de cette tour de beaux mâchicoulis bretons (en pyramides renversées).




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