Quelques auteurs
du XIXe siècle font remonter l'existence d'un château
à Pierrefonds au règne du monarque carolingien
Charles III le Simple (898-923). Un certain Oger de Bérogne,
dont le nom sonne davantage comme celui d'un héros
de chanson de geste que comme celui d'un personnage véritablement
historique, aurait sollicité l'autorisation royale
pour fortifier l'endroit afin de résister aux invasions
scandinaves. Nous n'avons pu vérifier la validité
de cette assertion.
Plus concrètement,
un certain Nivelon Ier fonde à Pierrefonds une collégiale
dédiée à saint Sulpice en 1047 et la
comble de nombreux bienfaits. L'existence d'un château
à cette époque est probable. Ses héritiers
détiennent la seigneurie jusqu'à l'extinction
de la lignée, à la fin du XIIe siècle.
Le roi Philippe II Auguste (1180-1223) profite de l'aubaine
pour réaliser l'acquisition du domaine avec sa forteresse
éponyme (1185). Petrifons apparaît dans un document
capital, le Scripta de feodis (registre des fiefs) compilé
entre 1206 et 1210, terrier recensant toutes les possessions
- et spécialement les châteaux et cités
épiscopales - détenues par le Capétien.
L'emplacement exact de ce premier castrum est sujet à
controverse : certains le placent à l'endroit où
se dresse l'actuelle construction ; d'autres le localisent
à proximité de l'église Saint-Sulpice,
sur la colline du Rocher.
Pierrefonds fait
désormais partie intégrante du comté
de Valois, régulièrement donné en apanage
aux cadets de la famille royale. C'est de l'un de ces cadets,
Charles de Valois (1270-1325), fils de Philippe III le Hardi
(mort en 1285) et frère de Philippe IV le Bel (mort
en 1314), que sera issue la dynastie régnante des Valois
(1328-1498).
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Pierrefonds et le
comté de Valois sont à nouveau donnés
en apanage au frère du roi Charles VI (1180-1422),
Louis, futur duc de Touraine (1386) et duc d'Orléans
(1392). Profitant des fréquentes crises de folie de
son aîné à partir de 1392, Louis d'Orléans
puise allègrement dans les caisses de la monarchie
pour satisfaire à ses propres besoins. Il entreprend
notamment de bâtir deux châteaux colossaux, l'un
à Pierrefonds et l'autre à La Ferté-Milon
(Aisne). Son assassinat en 1407 vient mettre un terme définitif
aux deux chantiers. Contrairement à La Ferté,
Pierrefonds est en bonne voie d'achèvement à
la mort de son commanditaire.
La forteresse reste
dans la même famille jusqu'à l'accession au trône
du petit-fils de Louis d'Orléans, le roi Louis XII
(1498-1515). Le comté de Valois est aussitôt
redonné par le nouveau monarque à son cousin
et gendre, François d'Angoulême. Lorsque celui-ci
devient roi à son tour en 1515 (François Ier),
Pierrefonds retourne définitivement dans le giron de
la couronne.
Durant les Guerres
de Religions, les Ligueurs parviennent à s'en emparer
(1589) et l'occupent plusieurs années, résistant
à deux reprises aux troupes de roi Henri IV (1572-1610).
Ce fut finalement Richelieu qui, dans son combat permanent
contre la féodalité, enleva la place et ordonna
son démantèlement (1617). Tours éventrées,
courtines abattues servirent de carrière de pierre
aux populations des environs.
Napoléon Ier
acheta les ruines en 1810, mais ce fut Napoléon III
qui décida de les faire restaurer. Le chantier fut
confié en 1857 à Eugène Viollet-le-Duc,
qui s'attacha à inventer une forteresse médiévale
idéale pour servir de cadre à la vie de la cour
impériale. Le chantier, suspendu en 1870, reprit en
1878 avant de s'arrêter définitivement en 1885,
six ans après la mort de l'architecte.
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