Du château
édifié dans la seconde moitié du XIIe
siècle par le sire de Mandeville, ne demeure que le
gros donjon quadrangulaire. Après la prise de la Normandie
par Philippe Auguste en 1204, la place fut confiée
au maréchal de France Henri Clément. Elle passa
ensuite entre les mains de plusieurs lignages normands, dont
les sires de Tilly. Durant la Guerre de Cent Ans, le château
fit l'objet de plusieurs sièges. Pris par le roi de
Navarre et comte d'Evreux Charles Mauvais en 1363, il était
à nouveau aux mains des Français en 1365 (Du
Guesclin). Un seigneur de Chambois trouva la mort en 1415
à Azincourt. Les Anglais s'en emparèrent en
1417 et ne le reperdirent qu'en 1449. Les Tilly recouvrèrent
alors leur bien.
Le château
connut également quelques vicissitudes durant les Guerres
de Religions et faillit disparaître à la Révolution.
Sauvé in-extremis par son propriétaire, il traversa
paisiblement le XIXe siècle avant son classement comme
Monument Historique en 1901.
La tour mesure 21,40
mètres de long sur 15,40 mètres de large pour
une hauteur totale de 26 mètres. Elle est construite
en petit appareil irrégulier et est flanquée
aux angles de quatre tourelles carrées. Les côtés
les plus longs (nord-ouest et sud-est) sont étayés
de contreforts plats. La base est légèrement
talutée. On y pénétrait par une porte
percée à hauteur du premier étage. La
tourelle de l'angle nord comprenait des latrines et les conduits
d'évacuation des eaux usées sont visibles de
l'extérieur. Une petite bretèche, sans doute
postérieure à la construction originelle, s'accroche
au sommet de l'angle est.
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L'intérieur
se décomposait en trois volumes planchéiés.
Le rez-de-chaussée est percé de rares fentes
très réduites, mais comprend toutefois une cheminée.
Cet aménagement, exceptionnel dans ce type de bâtiment
à ce niveau, laisse supposer une vocation résidentielle
et non une simple destination de garde-manger ou de cave comme
de coutume (cuisine ?). De belles fenêtres géminées
éclairent en revanche le premier étage. Elles
sont ornées d'un modillon à tête humaine.
On retrouve ces mêmes décorations à mi-hauteur,
sur tout le pourtour de ce qui devait constituer la grande
salle du château. Le dernier étage abritait selon
toute vraisemblance les appartements seigneuriaux. Les communications
verticales s'effectuaient primitivement au moyen d'escaliers
certainement en bois et aujourd'hui disparus. Une vis fut
aménagée assez tardivement dans une tourelle
accolée au centre de la face sud-est. La terrasse supérieure
était originellement crénelée et fut
dotée à la charnière des XIVe et XVe
siècles d'un chemin de ronde couvert sur mâchicoulis.
Longtemps délaissé,
le donjon de Chambois fait aujourd'hui l'objet d'un important
programme de restauration. La pierre y a recouvré sa
blancheur originelle. Il est visible depuis la place principale
du village, niché dans un cadre verdoyant et fleuri.
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