Lhistoire du
château de Murol est étroitement liée
avec celles de deux des plus puissantes familles nobles dAuvergne,
les dApchon et les dEstaing.
Un château primitif fut édifié au Xe siècle
par les comtes dApchon sur la base dun castrum
carolingien surveillant lintersection stratégique
de trois voies de communication reliant Besse, Clermont-Ferrand
et Saint-Nectaire.
À partir de
1015, la branche cadette de la maison dApchon occupe
les lieux et crée son propre lignage en prenant le
nom de Murol.
Le château
actuel commence à prendre forme au milieu du XIIe siècle,
complété par les importantes campagnes dédification
de Guillaume II de Murol entre 1390 et 1440. La forteresse
commence dès lors à acquérir une réputation
de place-forte inexpugnable, aussi bien par lingéniosité
de ses défenses que par leur inévitable effet
dissuasif.
La famille dEstaing
prend possession des lieux en 1455 lorsque Jehanne de Murol,
unique héritière, est mariée à
Gaspard dEstaing. Leur fils, François Ier dEstaing,
finit dadapter la forteresse médiévale
aux exigences de lartillerie en édifiant un vaste
glacis défensif.
Le château
est épargné par la politique de désarmement
entrepris par Richelieu en 1635 grâce à la faveur
de la famille dEstaing auprès de Louis XIII,
puis par la Révolution française. Mais la forteresse,
ayant perdue toute fonction militaire ou résidentielle,
tombe en désuétude et devient tour à
tour prison, repaire de brigands ou lieu dinspiration
artistique pour peintres et écrivains.
Ruiné par
un défaut dentretien de la part de ses derniers
propriétaires, le logis Renaissance est par ailleurs
largement sujet aux récupérations de la part
des habitants des communes alentours. Cependant, en 1889,
son destin change en devenant Monument Historique. Lannée
suivante, il devient propriété du département
du Puy-de-Dôme à la suite dun don de la
famille Chabrol. Depuis 1950, le château est propriété
de la commune de Murol.
Dès lors,
des campagnes de restauration senchaînent mais
la structure du château reste fragile sans contreventements
et couvertures. En 1986, une association prend en main les
rênes du château. En relation avec la DRAC, elle
commence à animer le lieu pour en faire un précurseur
dans la découverte ludique et pédagogique du
Moyen Âge puis à entreprendre dimportants
travaux de rénovation : charpentes et toitures
viennent orner de nouveau la forteresse.
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Depuis fin 2006,
la commune de Murol a délégué la gestion
culturelle et touristique du château de Murol à
lagence Organicom, qui propose des visites et des ateliers
de médiation pédagogique mettant en scène
la vie militaire et quotidienne dun château de
la fin du Moyen Âge. De nouvelles salles souvrent
au public, de nouveaux spectacles sont mis en scène ;
la forteresse revit.
Guillaume II de Murol
:
Guillaume II de
Murol naquit aux alentours de 1350. Bien que l'on suppose
qu'il fit son éducation militaire dans l'entourage
de son père, Amblard II de Murol, c'est l'influence
de son oncle, Jehan de Murol, haut dignitaire de l'Eglise,
qui fut décisive.
Ce dernier offrit à son neveu une éducation
poussée au sein de l'abbaye Saint-Bertin, à
Saint-Omer. Il lui permit aussi de connaître le faste
de la cour pontificale dAvignon. Guillaume y devint
le « bras armé » de son oncle, chevauchant
à travers lEurope en fonction des missions à
accomplir.
Il était donc
à la fois un chevalier rompu au combat mais aussi un
lettré amateur de poésie et fin connaisseur
des problèmes politiques et religieux de son temps.
Sa personnalité singulière nest cependant
pas unique dans ce tournant du XIVe et XVe qui annonce déjà
larrivée proche de lHumanisme et de la
Renaissance.
Vers 1390, Guillaume
II de Murol cesse cette vie aventureuse. Il décide
de privilégier la reconstruction du domaine familial
et ne quittera plus celui-ci. Durant près dun
demi-siècle, il restaura la forteresse de ses aïeux
en conciliant efficacité défensive et confort
de vie.
Auteur et scripteur
de son testament (écrit vers 1420), Guillaume II de
Murol meurt aux alentours de 1440. Ce texte, mêlant
autobiographie et inventaire de ses biens, forme lun
des rares témoignages transmis par un laïc, noble
et lettré, de la fin du Moyen Âge.
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