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Le château
fut certainement fondé dans la première moitié
du XIIe siècle par Frédéric II de Hohenstaufen
(mort en 1147), surnommé " le Borgne ", duc
de Souabe et maître de l'Alsace. Grand bâtisseur
devant l'Eternel, on affirmait de lui qu'il avait un château
accroché à la queue de son cheval. D'abord appelé
Staufenberg, la nouvelle forteresse fut très tôt
partagée entre l'empereur Conrad III (1138-1152) et
Frédéric III de Hohenstaufen, fils et Héritier
de Frédéric le Borgne. Il existait peut-être
au milieu du XIIe siècle deux forteresses distinctes
séparées par un fossé. Chacune d'elles
possédait une enceinte propre et d'un donjon carré.
Frédéric
III de Hohenstaufen devint empereur à son tour en 1155
et la postérité l'a immortalisé sous
le surnom de Frédéric Ier " Barberousse
". La pleine propriété du lieu lui est
sans doute revenue dès la mort de Conrad III (1152).
En 1192, le site reçut son nom actuel : Koenigsbourg
(le Château du roi). Il passa vers le milieu du XIIIe
siècle en copartage aux Ratsamhausen et aux Hohenstein,
avec deux citadelles se faisant face. Cette division d'un
tel nid d'aigle n'est pas un cas exceptionnel : les familles
de Lutzelboug et Rathmausen (encore) occupaient ainsi un promontoire
commun au-dessus d'Ottrott (Bas-Rhin) ; il en va de même
au Haut-Eguisheim (Haut-Rhin), morcelé à la
suite de divisions successorales ; un exemple similaire se
retrouve beaucoup plus au sud, aux Tours-de-Merle (Corrèze).
Au XVe siècle,
les locataires du lieu semblent avoir pratiqué assidûment
le pillage systématique des alentours. Une coalition
de communes se forma visant à leur éradication.
Une forte armée vint assiéger la place en 1462
et la rasa de fond en comble. Reconstruite par les comtes
de Tierstein à compter de 1479, elle fut de nouveau
ravagée par les Suédois lors de la sanglante
" Guerre de Trente Ans ", en 1633.
Abandonné
pendant plusieurs siècles, les ruines furent classées
une première fois Monument Historique en 1862. L'annexion
de l'Alsace par l'Allemagne à la suite de la Guerre
de 1870 changea la donne. Au début du XXe siècle,
l'empereur d'Allemagne Guillaume II décida de faire
entièrement restaurer le château et confia le
chantier à l'architecte brémois Bodo Ebhardt
(1865-1945). A l'instar de Viollet-le-Duc à Pierrefonds,
Ebhardt donna une vision idéalisée de l'architecture
castrale médiévale.
C'est seulement en
1993 que le Haut-Koenigsbourg fut à nouveau classé
Monument Historique.
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Après l'armistice
du 11 novembre 1918, les troupes alliées pénétrèrent
en Alsace. Bien évidemment, l'occupation du Haut-Knigsbourg,
château symbole du pouvoir impérial allemand,
fut salué par la presse populaire française.
Dans le " Pays de France " N° 223 du 23 janvier
1919, on peut lire en grosses lettres le titre suivant:

Signature de Guillaume II en date de mai 1918.

Un conscrit français lui répondait le 1er décembre
1918.
La légende
récapitulative est sans ambages : " Nos soldats
occupent ce fameux château féodal du Haut-Knigsbourg,
en Alsace, restauré sur l'ordre du kaiser dont il était
l'une des résidences préférées.
En mai 1918, il y laissa sur le livre d'or cet autographe
au verso duquel se lisent aujourd'hui les signatures bien
françaises dont nous donnons la reproduction. On a
photographié ici le déménagement du concierge,
le dernier boche qui l'occupait. Quand à ce superbe
canon, c'est un simple moulage en zinc. "
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