Les premières
traces d'occupation du Schlossberg remontent au néolithique
(deuxième moitié du IIIe millénaire avant
J.-C.). Plus tard, le site est occupé par un poste
d'observation romain, comme en témoignent les vestiges
retrouvés sur place : un mur servant d'assise à
l'enceinte du Dagsburg, une tuile à rebord de la 1ère
légion romaine, et un grand nombre de monnaies allant
de la fin du IIIe siècle à la fin du IVe siècle.
C'est le texte fondateur
de l'abbaye Sainte-Croix de Woffenheim, créée
entre 1006 et 1035 par le comte Hugues IV et son épouse
Heilwige (héritière du comte de Dabo), qui nous
renseigne sur l'existence du " castrum Eginiskeim "
(château d'Eguisheim). Il est fort probable que celui-ci
soit détruit en 1026-1027 par le duc Ernest de Souabe.
Sa Chronique rapporte en effet qu'à l'occasion d'une
offensive lancée contre l'Alsace, les châteaux
du comte sont ruinés. Si tel est le cas, sa reconstruction
s'avère rapide, car Gérard III est nommé
en 1038 comte du château d'Eguisheim, et sa chapelle
Saint-Pancrace est bénie par le pape Léon IX
(fils de Hugues IV) en novembre 1049. A cette époque
(vers 1061), les droits sur le château sont partagés
entre les trois fils du comte Henri Ier. C'est par le mariage
de l'une de ses petites-filles, Heilwige, en 1079, qu'une
partie du château échoie au comte Gérard
Ier de Vaudémont (germanisé en Weckmund). Leur
fille Stéphanie transmet les droits à une autre
maison prestigieuse, celle des comtes de Ferrette.
Dans la seconde moitié
du XIIe siècle, des travaux de grande envergure sont
réalisés au château. Deux tours viennent
compléter le système défensif d'origine
(le Wahlenburg). L'une est édifiée au nord :
le Dagsburg (une étude dendrochronologique nous fournit
l'année 1147). L'autre est édifiée sur
la pointe sud : le Weckmund (datée de la fin du XIIe
siècle). La tour centrale est elle aussi transformée
à cette occasion.
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Le Dagsburg subit
les foudres de Philippe de Hohenstaufen, duc de Souabe et
d'Alsace, lors d'une expédition punitive. Il est reconstruit
dans la première décennie du XIIIe siècle.
En 1225, lorsque Gertrude de Dabo-Eguisheim décède
sans héritier (malgré trois mariages), une guerre
de succession (elle durera 26 ans) se déclenche entre
l'évêque de Strasbourg, qui vient d'acheter 1/3
du château (le Dagsburg), et les comtes de Ferrette
qui possèdent les 2/3 restant (le Wahlenburg et le
Weckmund). Il faudra l'arbitrage de l'Empereur Germanique
pour que chacun conserve sa partie. A compter de cette date,
les châteaux ne sont tenus en fief ou en arrière-fief
que par de " petits chevaliers ", même lorsqu'en
1324 Albert de Habsbourg, duc d'Autriche, hérite des
comtes de Ferrette. Les tensions entre ces vassaux ou suzerains
restent vives, car une paix castrale doit être signée
en 1343.
La destruction d'Eguisheim
intervient le 04 juin 1466, lorsque les troupes de la ville
de Mulhouse en font le siège pour déloger une
bande de pillards (4 !) s'y étant réfugiée.
Après s'en être emparés, ils l'incendient
en épargnant la chapelle. Au XVIIe siècle (juillet
1674) celle-ci est en ruine. Les vestiges des châteaux,
classés en 1840, font l'objet de fouilles entre 1965
et 1970 et de travaux de restauration au milieu des années
70 (logis du Weckmund, portes relevées au Walhenburg
et logis, stabilisation du Dagsburg).
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