Attesté pour
la première fois en 1216, le manoir de Blandy est transformé
vers le milieu du XIIIe siècle en une forteresse de
dimensions relativement modestes. Les comtes de Tancarville
Jean II et son petit-fils Guillaume IV, propriétaires
successifs du château, obtiennent respectivement des
rois Charles V (1364-1480) et Charles VI (1180-1423) des fonds
afin de transformer la place en riche demeure seigneuriale.
Occupée sans discontinuité du XVe au XVIIe siècle,
elle est convertie en ferme après 1707.
Les trois campagnes
de construction successives (XIIIe et XIVe siècles)
se lisent fort bien sur la structure de l'édifice.
Au nord, l'enceinte primitive est de plan légèrement
ovoïde. Subsistent du XIIIe siècle la Tour Carrée,
ancienne tour-porte murée lors des remaniements ultérieurs,
les tours circulaires Nord et de Justice (ou de la Prison)
et les courtines reliant ces différents éléments.
On trouve notamment sur les façades quelques belles
archères à étriers, caractéristiques
de l'architecture castrale de cette époque.
|
Les sires de Tancarville
agrandirent l'enceinte vers le sud et l'est à compter
de 1370. Ils édifièrent notamment une nouvelle
tour-porte carrée à proximité de l'ancienne
et érigèrent trois grosses tours cylindriques
aux angles : la Tour des Gardes, le Donjon et la Tour des
Archives. Ces trois éléments comportent d'importantes
similitudes. Les bases furent élevées après
1370 en grès de Fontainebleau, alors que les étages
supérieurs sont le fruit des travaux réalisés
vers 1390 par Guillaume IV en moellons de pierre meulière,
plus économique. Curiosité rare, le donjon ne
possédait pas moins de trois issues : deux en rez-de-chaussée,
la première ouvrant vers la cour (avec vantail, herse
et assommoir) et la seconde vers l'extérieur (murée
aujourd'hui) ; la troisième donnait directement sur
le chemin de ronde dont elle était séparée
par un pont-levis à bascule. L'architecture philippienne
avait certes popularisé les doubles issues aux tours
maîtresses (Dourdan, Gisors, Villeneuve-sur-Yonne
),
mais trois portes restent une exception.
Notons pour terminer
que la forteresse fait l'objet d'un soigneux programme de
restauration depuis son acquisition par le Conseil Général
de Seine-et-Marne en 1992.
|