1/ La Tour de César
:
Elle est juchée
sur une énorme motte tronconique artificielle que l'on
peut dater du XIe siècle et est complètement
cernée d'une haute chemise en pierre. Elle a sans doute
pris la place d'un bâtiment antérieur de facture
plus légère, mentionné en 1137. Construite
par le comte Henri le Libéral entre 1152 et 1181, elle
tranche des réalisations classiques contemporaines
par son plan et sa structure. Le ou les architectes se sont
volontairement éloignés de l'habituel donjon
quadrangulaire de l'époque romane, pour rechercher
des formes plus novatrices, moins classiques. Ils ont ainsi
poursuivi le mouvement amorcé à Houdan, Etampes
et Ambleny.
La tour dessine un
octogone aux côtés inégaux. Sur les facettes
les plus restreintes furent accolés de petits cylindres
très saillants permettant de flanquer parfaitement
les murailles. Autre signe de modernité, elle possède
deux niveaux internes voûtés en pierre. Exit
donc les planchers toujours susceptibles de prendre feu. Comme
dans toutes les constructions contemporaines, on pénétrait
dans l'édifice par le premier niveau. Chaque face possédait
son ouverture donnant sur des ponts volants en bois la reliant
au chemin de ronde de la chemise. Il s'agit là d'une
rupture décisive avec le donjon type à accès
unique des XIe et XIIe siècles.
Difficile de déterminer
si le sommet était hourdé ou aménagé
en terrasse crénelée. Viollet-le-Duc croyait
en la première hypothèse, alors que Jean Mesqui
penche pour la seconde.
La vocation première
de cette tour, éventuel dernier réduit défensif
en cas de siège, était avant tout celle d'une
prison. Les cachots y sont nombreux percés dans les
murailles et seules des latrines, une cheminée (premier
étage) et une citerne apportaient quelques commodités
à un ensemble pour le moins spartiate. Mais de cet
édifice imposant relevaient également tous les
fiefs de la région. Leurs détenteurs venaient
y rendre hommage au suzerain. Nous sommes une fois encore
dans le domaine de la forte connotation temporelle attachée
par la société féodale aux grands donjons,
symboles du pouvoir d'un homme ou d'une dynastie sur les terres
environnantes.
Notons pour terminer
cette brève description, que les Anglais remblayèrent
en 1432 l'espace compris entre la tour et la chemise et l'aménagèrent
en plate-forme d'artillerie.
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2/ L'enceinte haute
:
Les quartiers bas
possédaient également une enceinte. Il n'en
demeure plus aujourd'hui que quelques vestiges épars
et difficilement décelables. La ville haute en revanche,
a conservé ses remparts sur plus de 800 m.
Cette enceinte est
flanquée de 22 tours d'époques et de plans divers.
Les plus anciennes furent érigées dans la première
moitié du XIIIe siècle, sont cylindriques et
percées d'archères. On trouve également
des tours polygonales, rectangulaires, pentagonales
Leur construction s'étala sans doute tout au long des
XIIIe et XIVe siècles. Les bases de ces tours et des
courtines qui les relient sont toutes talutées. Cette
disposition assurait une meilleure stabilité pour les
maçonneries supérieures, renforçait la
cohésion des murailles en cas de tentative de sape
et favorisait le rebond des projectiles jetés depuis
les sommets. L'ensemble était cerné d'un large
et profond fossé sec.
Deux portes sont
également très bien préservées
: La Porte de Saint-Jean à l'ouest et la Porte de Jouy
au nord. Ces ouvrages sont contemporains et datent de la fin
du XIIIe siècle ou du tout début du XIVe siècle.
Elles furent édifiées après la mainmise
capétienne sur la ville et s'apparentent aux grandes
constructions royales à sas de Carcassonne (Porte Narbonnaise),
Château-Thierry (Porte Saint-Jean), Aigues-Mortes (Portes
de la Gardette ou de la Marine), Villeneuve-lez-Avignon
Elles possédaient deux herses et comptaient de nombreuses
archères. Les tours qui enserrent les entrées
sont à éperons. La porte de Saint-Jean est à
bossages rustiques très irréguliers et la Porte
de Jouy en moyen appareil soigneusement taillé.
Notons que comme
autrefois le roi Philippe Auguste marquait son empreinte sur
un territoire par la construction de grands donjons cylindriques
(Villeneuve-sur-Yonne, Lillebonne, Falaise, Vernon, Verneuil-sur-Avre,
Rouen, Gisors, Chinon
), ses successeurs semblent avoir
apporté un soin particulier aux portes, élément
crucial d'un château ou d'une ville forte. Ils affichaient
ainsi leur pouvoir naissant sur une province fraîchement
conquise.
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