Sur l'éperon
surveillant la voie antique Poitiers-Bourges, un castellum,
propriété de l'évêque de Poitiers,
est mentionné dès l'an 1000. Les soubassements
découverts dans le donjon baronnial et les deux murs
retrouvés dans le donjon de Gouzon datent sans doute
de cette époque.
Au XIIe siècle,
les évêques font bâtir à la pointe
de l'éperon, dans une vaste enceinte à contreforts,
leur donjon (qui sera surélevé dans un second
temps) et autorisent leurs vassaux à édifier
leurs châteaux. Dans la seconde moitié de ce
siècle, les Montléon (?) font construire le
donjon carré de Gouzon. Celui-ci sera doublé
en longueur et hauteur au siècle suivant, sans doute
par les Beaumont, nouveaux détenteurs du fief. Hugues
III de Châtellerault vers 1195-1204 fait surélever
la tour primitive et bâtir l'enceinte castrale du château
d'Harcourt. Oger fait bâtir le château de Montléon
et les Ravenel (?) la tour de Flins.
Au siècle
suivant, les fiefs passent dans de nouvelles familles qui
donneront leur nom aux châteaux actuels. Jean II d'Harcourt
en 1280 épouse Jeanne de Châtellerault. Guy II
de Gouzon se marie avec Blanche de Beaumont en 1295. La même
année, l'évêque de Poitiers, Gauthier
de Bruges, rachète aux Montléon (détenteur
du fief d'Oger) leur château chauvinois.
Durant la guerre
de Cent Ans, Chauvigny et ses châteaux ne sont pas épargnés.
En 1369 et 1412, les troupes anglaises prennent la ville et
la ruinent. En 1372, Jean de Berry comte de Poitou et Bertrand
du Guesclin, assiègent la place. Les châteaux
de Gouzon (aux mains des évêques de Poitiers
depuis 1335 ou 1346), de Montléon et d'Harcourt ouvrent
rapidement leurs portes. Le château baronnial ne cède
qu'après la prise de Poitiers.
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Au XVe siècle,
les châteaux se « modernisent ». La tour
de Flins est transformée pour la rendre plus habitable
(fenêtres et cheminée). Lévêque
Ithier de Mareuil (ou Martreuil) vers 1400 se fait construire,
dans lenceinte agrandie et remaniée du château
baronnial, un logement spacieux et confortable appelé
« château neuf ». En 1447, Charles Ier dAnjou
cède le château dHarcourt à lévêque
Guillaume de Charpagnes. On attribue à ce dernier les
travaux dagrandissement et dembellissement de
la tour.
Un siècle
après la fin de la guerre de Cent Ans, les guerres
de Religion cette fois meurtrissent de nouveau Chauvigny.
En 1562, la ville, aux mains des huguenots, est attaquée
par larmée royale. Cette dernière sempare
du château baronnial après une vive résistance.
En 1569, lamiral de Coligny et ses troupes protestantes
prennent la ville et brûlent le château. En 1590,
les Ligueurs lassiègent et la place ne tombe
que sur ordre du roi Henri IV.
Dès le milieu
du XVIIe siècle, les évêques cessent dhabiter
leurs châteaux chauvinois. En 1687, un texte décrit
celui de Gouzon comme « entièrement détruit
sans charpente ni couverture ». En 1759, lévêque
fait démonter les restes des charpentes du château
baronnial pour les remployer au château de Dissay. A
la Révolution, les châteaux des évêques
servent de carrières de pierre. Suite au « pillage
», langle sud-est du donjon baronnial seffondre
et seul subsiste un pan de mur du château neuf. Montléon
disparaît quasiment.
Afin de préserver
ce patrimoine architectural unique, des campagnes de fouilles
(1957-74 sur les deux châteaux des évêques,
1990 sur le donjon de Gouzon) et de restaurations (1938 et
1991-93 : donjon baronnial ; 1988-89 : château dHarcourt
; 1992 : donjon de Gouzon, devenu espace darchéologie
industrielle) sont entreprises.
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