Le Haut-Châlucet
:
En empruntant le
chemin médiéval venant du bas castrum, on accède
au Haut-Châlucet par la porte du Capitaine. Il s'agit
d'un passage voûté en berceau brisé, uniquement
fermé par un double vantail.
La chapelle (deux
sont mentionnées dans les textes médiévaux,
sous les noms de Saint-Blaise et de Saint-Thomas) occupe l'extrémité
de la plate-forme rocheuse, au nord du château haut.
Elle domine, à l'est, la porte du Capitaine et la met
ainsi sous sa protection spirituelle. Elle résulte
de l'extension, vers le XVe siècle, d'une tour à
contreforts. On y accède par le portail sud. A l'intérieur,
on y repère le chur, orienté à
l'est, la base de l'autel et la cuve baptismale. Pendant les
fouilles archéologiques de 2001, neuf sépultures
ont été mises au jour. Leurs datations s'échelonnent
du XIVe siècle (1329-1350) au XVIe siècle.
Le château
haut forme un grand quadrilatère d'une longueur de
70 m et d'une largeur de 43 m au sud et de 27 m au nord. Des
tours cylindriques, possédant pour certaines des espaces
résidentiels avec latrines et un escalier à
vis, flanquaient ses angles et le milieu de la courtine-écran
sud. Celle-ci, haute de 25 m, est séparée du
plateau qui lui fait face par un profond fossé artificiel.
On y découvre, à mi hauteur, sa gaine, ou couloir
de circulation voûté ménagé dans
l'épaisseur du mur (comme au Coudray-Salbart)
et ses superbes archères cruciformes à étrier.
La façade
nord a conservé le dispositif défensif de sa
porte (assommoir et herse) et les défenses sommitales
de la tour-porte (créneaux et mâchicoulis). De
part et d'autre de celle-ci, on remarque trois fentes de jour
au rez-de-chaussée, et deux superbes fenêtres
en arc brisé à l'étage supérieur.
L'entrée du château était protégée
par une barbacane de plan polygonal, ouverte à l'est.
Un second réduit à l'intérieur de la
barbacane protégeait directement l'entrée du
château.
Au milieu de l'enceinte
trapézoïdale se dresse un donjon rectangulaire
(10 m x 7,80 m) encore haut de 32,50 m (il mesurait, avec
sa guette de sommet, 40 m avant l'effondrement de sa face
nord-est). Son plan est très particulier, car sa face
sud-ouest (celle qui regarde le plateau) est renforcée
par un éperon triangulaire et ses faces latérales
sont munies d'un seul contrefort plat médian. Ses murs
témoignent de plusieurs campagnes de construction.
A la base, ce sont des dalles de schiste empilées avec
peu de mortier ; au milieu, ces mêmes dalles de schiste
sont liées dans un mortier plus épais et les
arêtes des angles sont soulignées par des chaînages
de pierre de taille ; enfin, la partie haute est construite
en moellons de granit clair plus ou moins réguliers.
Une tourelle d'escalier (qui s'est effondrée avec la
guette en 1918) permettait l'accès aux différents
étages.
De rares ouvertures
percent les murs du donjon (comme pour la tour Jeannette)
et trois portes en arc plein cintre se voient sur les faces
sud-est, nord-ouest et nord-est (porte intérieure).
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Les superbes logis
construits par Géraud de Maulmont prennent place le
long de la courtine est. Au-dessus du rez-de-chaussée,
composé d'une salle des gardes ou cuisine et d'une
salle commune, une grande salle d'apparat, dont l'énorme
cheminée a conservé ses piliers à chapiteaux,
encadre au nord et au sud une plus petite salle (chambre seigneuriale).
Ce logis possédait de spacieuses fenêtres à
coussièges, d'amples cheminées et des chapiteaux
finement sculptés. Dans l'angle des courtines ouest
et nord prenait place un autre logis aussi richement décoré.
Une chapelle, dédiée
à saint Blaise ou à saint Thomas, à travée
unique et orientée d'ouest en est, reliait la grande
salle d'apparat au logis primitif jouxtant le donjon. Elle
possédait une large fenêtre au sud.
Le bas Châlucet
:
Du "castra lucii
inferiori", la tour Jeannette (du prénom d'une
jeune bergère jetée dans un cachot de la tour,
selon une tradition locale) est l'élément le
plus visible et le mieux conservé aujourd'hui. Cette
tour, qui était probablement le donjon du château
bas, est de plan carré (8,25 m de côté)
et s'élève sur une hauteur de 23 m. Intérieurement,
quatre niveaux la composaient. Elle s'apparente, par ses dimensions
et son architecture (matériaux, dalles de schiste roux,
contreforts plats, entrée unique à l'étage
-porte en plein cintre à 4 m du sol-), aux autres donjons
romans de la vicomté de Limoges. Elle présente
toutefois la particularité d'être équipée
d'un seul contrefort par face en position médiane.
Sur le flanc ouest
de l'enceinte, à une trentaine de mètres au
nord de la tour, se trouve le mur pignon d'une maison qui
constitue le seul élément conservé en
élévation de l'agglomération castrale.
Il s'agit du mur occidental d'une bâtisse de plan rectangulaire
(5,10 m x 6,80 m).
Ce mur, d'une hauteur totale de 12 m, possède trois
retraits déterminant quatre niveaux d'étages.
Chaque étage possède une baie, mais seulement
deux sont équipées de coussièges.
Le programme pluriannuel
de fouilles, qui a débuté en 1999, a permis
de découvrir et d'étudier d'autres bâtiments
du castrum.
Le plus au nord est organisé autour d'une maison-tour,
équipée de deux contreforts plats sur chaque
face. Il possède à son angle sud-est une cave
souterraine. Immédiatement plus au sud, un second ensemble
bâti a été découvert. Il comprend
deux habitats. Le premier est de plan rectangulaire et a été
édifié en retrait de la ruelle principale du
castrum. Le second, accolé à l'est du précédent,
a sans doute été édifié dans sa
cour d'origine. Il possède une superficie de 57 m2
et de nombreux aménagements internes : baie située
sur le mur oriental près de la porte, banquette le
long du mur sud, cloison légère. Il intègre
aussi une cave souterraine (longueur 6 m, largeur variable
de 4 m à 5,50 m) .
Un deuxième
ensemble, bâti immédiatement au sud du précédent,
a été remarqué. Il s'agit d'un bâtiment
étroit accolé, à l'est, d'un complexe
d'espaces construits de petites dimensions. L'un d'eux possède
un escalier d'étage et une alcôve murale dotée
d'un évier.
Cette ensemble possède, lui aussi, une structure souterraine,
dont l'organisation est proche de la cave voisine. Il est
à noter que ces parties ne sont aujourd'hui pas accessibles.
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