Les trois édifices
majeurs conservés sont la Porte de Sens, la Porte de
Joigny et la tour philippienne, improprement appelée
parfois " Tour Louis le Gros ".
1/ La porte de Sens
:
Elle est située
à l'extrémité nord de la rue principale.
Il s'agit d'une grande tour-porte que l'on peut assez aisément
dater de la seconde moitié du XIIIe siècle.
Elle est carrée et est cantonnée aux deux angles
extérieurs de tourelles formant des éperons
très saillants. Deux mâchicoulis en arc permettent
de défendre le pied de la muraille. Deux orifices percés
à mi-hauteur servaient au passage des chaînes
utilisées pour manier un pont mobile à treuil.
La Porte de Sens
est une porte à sas, caractéristique de l'architecture
capétienne sous Philippe III le Hardi (1270-1285) et
Philippe IV le Bel (1285-1314). Elle se rapproche notamment
dans son principe de la Porte Narbonnaise de Carcassonne,
de la Porte de Jouy de Provins, ou encore de la Porte de Saint-Jean
de Château-Thierry (liste non exhaustive). Nous la croyons
toutefois légèrement antérieure à
ces différentes réalisations, en raison de sa
facture sensiblement plus archaïque et de l'absence d'appareil
à bossage.
L'assaillant qui
voulait pénétrer dans la place devait franchir
le double obstacle du pont mobile couplé avec une herse.
Il se trouvait alors bloqué dans un sas fermé
par une seconde herse et des vantaux. Sa position était
rendue très inconfortable par la présence d'archères
latérales battant le sas et d'un assommoir ménagé
dans la voûte. Les angles tournés vers la ville
de cette belle Porte de Sens, sont flanqués de fines
tourelles circulaires.
2/ La Porte de Joigny
:
Elle trône
encore avec élégance à l'extrémité
sud de la rue principale. Elle fut probablement édifiée
en même temps que la Porte de Sens et épouse
un plan et des dispositions internes très voisins.
Son arsenal défensif était à l'évidence
identique, mais cet ouvrage, au demeurant remarquable, fut
très remanié au XVIe siècle. Sa lecture
s'avère donc moins aisée.
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3/ La tour philippienne
:
Philippe Auguste
la fit construire à cheval sur l'enceinte urbaine côté
est, c'est-à-dire vers les terres de Champagne, partie
de la ville la plus exposée aux attaques ennemies.
Il s'agit là de l'un des principes majeurs développés
par les architectes à la solde du Capétien :
le donjon n'est plus considéré comme l'ultime
refuge que l'on doit planter au point le mieux protégé,
mais comme un élément actif de la défense
trônant au premier plan.
Cette tour cylindrique
possédait à l'origine son fossé propre
soigneusement pavé, était complètement
isolée et indépendante du reste de la place.
Elle s'élevait primitivement à 28 mètres,
possédait trois niveaux intérieurs voûtés
en pierre et un couronnement de hourds. On voit encore très
bien les trous de boulins disposés de manière
hélicoïdale sur le parement, destinés aux
solives des échafaudages utilisés lors de la
construction. Son appareil est réalisé en belles
pierres de taille et sa surface est parfaitement lisse. Elle
est assise sur une base talutée pleine. Elle est conservée
sur 21 mètres (dont 5 mètres refaits au XIXe
siècle). Le diamètre total du fût (hors
base donc) est de 15,40 mètres. Les murailles atteignent
une épaisseur de 3,90 mètres et un diamètre
interne de 7,60 mètres. Elle possède deux portes
opposées, (disposition là encore classique de
l'architecture philippienne) dotées d'encadrements
de maçonneries destinés à recevoir les
tabliers des ponts mobiles en bois franchissant le fossé.
On distingue toujours les orifices destinés à
laisser passer les chaînes des treuils. La première
issue donnait sur la ville, la seconde sur les champs. Les
communications entre les trois niveaux étaient assurées
par des escaliers à vis percés dans l'épaisseur
du mur nord. Ils étaient éclairés par
de minces fentes verticales. La Grosse Tour de Villeneuve
coûta la somme de 1600 livres parisis au trésor
royal.
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