La première
mention de Dourdan remonte à l'année 956, quand
Hugues le Grand, père de Hugues Capet et ancêtre
des Capétiens, décède apud Dordingham
villam (Chronique de Sens). Une tradition locale invérifiable
fait remonter l'existence du château primitif à
cette époque. Le texte n'évoque pourtant qu'un
simple village, sans plus de précisions. Dourdan est
dotée sans doute très tôt d'un point fortifié,
en raison de sa position stratégique. Nichée
au cur du Hurepoix, à mi-chemin entre Paris et
Chartres, elle est à l'un des points du domaine capétien
les plus avancés face aux terres des comtes de Chartres.
La ville est qualifiée de royale vers 1147 : Apud
Dordinchum quod regium municipium est (à Dourdan
qui est ville royale). Le terme municipium désigne
régulièrement, en latin médiéval,
une cité pourvue de remparts. Elle est le siège
d'une prévôté peut-être dès
cette époque. On note parallèlement le développement
du prieuré Saint-Germain, dépendance de l'abbaye
Saint-Chéron de Chartres. L'église Saint-Pierre
de Dourdan est pour sa part concédée vers 1120
par Louis le Gros à l'abbaye de Morigny.
Philippe Auguste
semble apprécier les lieux et plusieurs actes conservés
de son règne mentionnent Dourdan et ses alentours immédiats.
Un acte délivré à Paris et daté
de 1222 évoque la chapelle de son nouveau château,
dont le service religieux sera assuré moyennant quinze
livres de rente par un chanoine du prieuré Saint-Germain.
Les sommes sont à prélever dans les comptes
de la prévôté locale. C'est ce château
qui nous a été conservé jusqu'à
nos jours. Louis IX l'octroie en douaire a sa mère
vénérée, Blanche de Castille (1240),
puis à sa femme, Marguerite de Provence, en 1260. Aux
portes de la giboyeuse forêt de Rambouillet, il sert
ensuite de rendez-vous de chasse au roi Philippe le Bel. Ce
dernier l'attribue à son demi-frère, Louis comte
d'Evreux, en 1307.
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Dourdan revient sur
le devant de la scène à l'occasion de l'affaire
des brus du roi. Les trois femmes des fils de Philippe IV
sont accusées d'avoir orné d'une belle paire
de cornes les têtes de leurs époux respectifs.
Les plus coupables, Marguerite et Blanche, filent directement
croupir au Château-Gaillard
sans autre forme de procès. La première y décèdera,
sans doute en raison des rudes conditions de détention.
Jeanne bénéficie d'un traitement moins pénible
du fait d'une culpabilité présumée moindre,
et est expédiée méditer une année
à Dourdan, en attendant que son rôle soit éclairci.
Finalement reconnue innocente, elle pourra rejoindre son mari,
le comte Philippe de Poitiers (futur Philippe V le Long) et
sera même reine de France à l'avènement
du second rejeton de Philippe le Bel (1316).
A l'aube du XVe siècle,
le château de Dourdan est cédé au duc
Jean de Berry, frère du roi Charles V, réputé
pour son goût immodéré du faste et du
luxe. Il y effectue de nombreux travaux et transforme l'austère
forteresse en palais gothique, comme Mehun-sur-Yèvre
ou Poitiers. C'est ce palais qui apparaît sur l'enluminure
du mois d'avril des Très Riches Heures du duc Jean
de Berry, uvre des frères de Limbourg.
Les Anglais dévastent
la ville et prennent le château en 1428. Les troupes
royales d'Henri IV l'assiègent en 1591. Dourdan retourne
au giron royal en 1611, mais ne fait plus l'objet d'aucun
travaux d'entretien. Certaines parties menacent ruines dès
1664. Il est en 1672 donné à la famille d'Orléans
qui le transforme en prison (1690-1852). Le délabrement
se poursuit jusqu'à la seconde moitié du XIXe
siècle et l'intervention vigoureuse de l'un des propriétaires,
Joseph Guyot. La ville en devient à son tour propriétaire
en 1969 et débute une politique de mise en valeur systématique
du monument.
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