Les temps ont bien
changé depuis Prosper Mérimée et l'abbaye
a fait l'objet de très importantes et heureuses restaurations.
Elle ne connut pas le sort tragique de nombre de ses surs
: carrière de pierres. Elle fut classée Monument
Historique en 1862 et la manufacture ferma ses portes une
vingtaine d'années plus tard. Le département
du Cher en fit l'acquisition en 1909 et n'a eu de cesse depuis
1950 de restaurer ce joyau de l'architecture religieuse.
La construction de
l'abbatiale débuta sans doute vers 1150 et s'acheva
vers le milieu du XIIIe siècle. Comme la plupart des
édifices cisterciens, elle affiche une grande sobriété
sur un plan en croix latine orientée. Son chevet est
plat. Sa hauteur sous voûtes atteint 17 mètres
pour une longueur totale de 59 mètres. Le transept
atteint pour sa part 18 mètres de long pour 8 de large.
Elle est lumineuse et affiche des proportions très
harmonieuses.
Au sud s'ouvre un
beau cloître gothique construit en plusieurs étapes.
De ses superbes arcades, de ses élégantes voûtes
d'ogive émane une sensation de sérénité.
Le cloître constituait un endroit privilégié
pour les membres de la communauté. Lieu de circulation,
il desservait tous les autres bâtiments conventuels.
Il était également un agréable lieu de
promenade et de délassement.
Ce cloître
menait notamment à l'orient vers la salle capitulaire.
C'est là que les moines se rassemblaient afin de débattre
des problèmes de la vie quotidienne, de définir
les grandes orientations de l'abbaye, de décider les
punitions à infliger aux frères ayant manqué
à leurs devoirs ou commis quelque méfait. Chaque
audience débutait par la lecture de l'un des chapitres
de la règle de l'ordre, d'où le nom de cette
pièce essentielle dans la vie conventuelle. Elle mesure
12,60 mètres sur 8,50 mètres. Elle est divisée
en six travées. Les nervures des voûtes retombent
sur des colonnes centrales. Bien éclairée, elle
resplendit par sa simplicité et l'homogénéité
de son architecture.
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Nous trouvons un
peu plus loin la salle des moines. Plus vaste que la salle
capitulaire, elle était chauffée par une grande
cheminée. Les cénobites se livraient ici à
leurs travaux de copie ou d'étude. Il s'agissait donc
du scriptorium.
Le cloître
amenait au sud vers le grand réfectoire. Il mesure
24 mètres de long sur 11 mètres de large. Sa
hauteur atteint 9 mètres sous voûtes. La restauration
collective se déroulait en silence : les discussions
personnelles étaient proscrites. Dans le mur occidental
est ménagée une loge en hauteur. Un moine y
prenait place à l'occasion des repas et y lisait les
textes saints.
Au dessus de la salle
capitulaire et du scriptorium, nous trouvons le dortoir des
moines. A l'origine grand espace commun où l'on étalait
de spartiates paillasses, il fit l'objet d'importants aménagements
au XVIIIe siècle. Un long couloir traversa l'étage
desservant des cellules individuelles confortablement aménagées.
A l'ouest enfin,
trônait un bâtiment à double finalité
: le rez-de-chaussée servait de cellier pour la conservation
des denrées alimentaires et le premier étage
abritait le dortoir des frères convers. Ces frères
convers étaient des laïcs qui vivaient dans l'enceinte
de l'abbaye. Il n'avaient pas, comme les moines, prononcé
leurs vux et se trouvaient ainsi libres de leurs mouvements.
Ils administraient ou entretenaient en général
les biens du monastère, mais ne participaient pas au
processus de décision. Ils n'assistaient notamment
pas aux chapitres : de ce statut un peu marginal émane
l'expression fameuse " ne pas avoir voix au chapitre
". La vaste pièce qui abritait leur sommeil est
couverte d'une splendide charpente.
C'est dans cet écrin
de l'art monastique que se déroule chaque été
un festival d'art vocal.
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