L'histoire du monastère
de Déas est intimement liée aux raids scandinaves
sur les côtes vendéennes. Dès 799, les
Vikings écument les parages de l'île de Noirmoutier
et répandent régulièrement la terreur
parmi les moines. En 819, la situation est telle que les moines
décident, sous l'impulsion de l'abbé Arnoulf,
de fonder un établissement secondaire plus éloigné
des côtes, afin d'y passer la belle saison. Ils jettent
leur dévolu sur la vallée de la Boulogne, cours
d'eau qui alimente le lac de Grand-Lieu. En 836, la situation
à Noirmoutier s'est tellement dégradée,
que les moines quittent définitivement leur monastère
primitif, en emportant avec eux le sarcophage de saint Philbert.
L'histoire de la
translation des reliques est racontée par le moine
Ermentaire : "Les religieux, profitant des facilités
de navigation qu'offre l'été, se rendaient à
Déas dans le monastère qui avait été
construit pour leur retraite. Mais l'hiver, ils regagnaient
l'île de Noirmoutier. Dès lors, leur existence,
celle des habitants et de leur famille, fut agitée
par des périls continuels, les Normands répandaient
sans cesse l'épouvante dans l'île, leur infligeaient
des pertes sensibles, et les tourmentaient de toutes manières.
Nos religieux, craignant que nos cruels ennemis ne déterrassent
le sarcophage de saint Filibert et ne jetassent au vent ou
dans la mer ce qu'il renferme, comme ils ont fait en Bretagne,
dit-on, pour les reliques d'un certain saint, voulurent se
soustraire à cette dangereuse domination en prenant
la fuite [
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Le 7 juin, on ouvre
la sépulture, le sarcophage, avec le précieux
corps qu'il renferme, est élevé au grand jour
au milieu des chants de triomphe, il est placé ensuite
dans un bateau poussé par un vent d'ouest qui nous
porte rapidement au port de la Fourche. Là, les prêtres,
les lévites et les moines le placèrent sur leurs
épaules et le portèrent dans le village de l'Ampan,
où ils le déposèrent dans l'église."
Les pillards rattrapent
les bons moines de Noirmoutier dans leur refuge de Deas en
847, selon la Chronique de Limoges. Les religieux reprennent
le chemin de l'exode et s'établissent alors à
Cunault, dans l'actuel département du Maine-et-Loire
entre Angers et Saumur. En 858, ils transfèrent le
corps de Philbert vers ce nouvel endroit. La communauté
entame, après la destruction de Cunault, un exode qui
la mène à Tournus en Bourgogne. Là reposera
désormais le corps du saint patron. Après la
fin des invasions scandinaves, la vie religieuse reprend à
Déas, mais l'établissement n'est plus qu'un
simple prieuré dépendant de Saint-Philbert-de-Tournus.
Relativement épargnée
par la guerre de Cent Ans, les guerres de Religion et la Révolution,
elle sert tour à tour de grange à fourrage,
d'église paroissiale, de marché à poulets.
Aujourd'hui classée aux Monuments Historiques, cette
vielle dame âgée de douze siècles étire
sa longue silhouette dans un cadre verdoyant et soigneusement
aménagé.
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