Les vestiges les
plus anciens exhumés sur le site de l'antique Noviomagus
(Nouveau Marché - Noyon) semblent remonter au premier
siècle de notre ère. Il s'agissait alors d'une
simple agglomération secondaire sur la route de Soissons
(Augusta Suessionium) à Amiens (Samarobriva). Elle
faisait partie de la cité gallo-romaine des Viromandi,
ayant pour capitale la ville neuve d'Augusta Viromanduorum,
aujourd'hui Saint-Quentin, qui avait succédé
au vaste oppidum gaulois de Vermand (Aisne, à une douzaine
de kilomètres à l'ouest de Saint-Quentin), principal
camp de la tribu des Viromandi avant la conquête romaine.
Les premiers raids
francs dans ce secteur, au IIIe siècle de notre ère,
obligèrent les villes qui en avaient les moyens à
se doter de protections et le centre de Noyon s'entoura d'une
enceinte très réduite enserrant environ 2 hectares.
Un évêque s'installa à Saint-Quentin à
peu près à la même époque. Lorsque
l'empire romain s'effondra, cet évêque se réfugia
probablement avec une large partie de ses ouailles dans le
vieil oppidum de Vermand, rénové pour l'occasion.
Il y resta jusque vers 530, date à laquelle saint Médard
décida de s'établir à Noyon, certainement
mieux fortifiée. La corrélation entre l'implantation
durable des diocèses et l'existence de défenses
solides est une constante dans la Gaule romaine et post-romaine.
Les Annales Royales
rapportent pour l'année 768 : " De là,
il [le roi Pépin le Bref] vint à Paris où
il mourut le 8 des calendes d'octobre (24 septembre), et son
corps fut enseveli dans la basilique de saint Denis le martyr.
Ses fils, Charles et Carloman, furent élus rois, du
consentement unanime des Francs. Charles dans la cité
de Noyon, Carloman dans celle de Soissons, prirent les insignes
de la royauté. " C'est donc à Noyon que
débuta l'aventure exceptionnelle de " Carolus
Magnus " (Charlemagne) chantée par Eginhard. La
ville reçut la visite des Vikings au moins à
quatre reprises entre 859 et 891. Noyon connut également
un autre sacre royal mémorable, celui d'Hugues Capet
en 987. L'historien Richer raconte qu'après l'élection
de Senlis "
le duc fut élevé sur le trône du consentement
de tous et couronné à Noyon. "
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Au XIe siècle,
les évêques de Noyon étaient assez puissants
pour s'approprier le pouvoir comtal, n'hésitant pas
à abattre la tour royale, symbole de l'autorité
laïque sur la cité. Ils matérialisèrent
cette omnipotence en bâtissant une nouvelle cathédrale
romane, totalement ravagée par un incendie en 1131.
Les prélats s'employèrent alors à reconstruire,
dans la veine du nouveau style architectural initié
par Suger à la l'abbatiale de Saint-Denis : ce que
nous appelons aujourd'hui le gothique. Le chantier s'étala
sur plus d'un siècle. Le chur était achevé
vers 1150, le transept vers 1160, la façade entre 1220
et 1230 et les tours aux XIIIe et XIVe siècles.
A Noyon fut signé
le traité de 1516 établissant une paix - provisoire
- entre François Ier et Charles Quint. La cathédrale
fut relativement épargnée lors du sac de la
ville par les Espagnols (1557), après la défaite
des Français devant Saint-Quentin. Les guerres de Religion
n'y laissèrent pas davantage de trace, même si
la ville donna le jour au réformateur Jean Calvin (1509).
La Révolution apporta en revanche son lot de déprédations,
mais c'est surtout en avril 1918 que le sanctuaire connut
sa plus difficile épreuve, avec un intense et dramatique
bombardement. Restaurée entre la fin de la Première
Guerre Mondiale et 1938, elle a aujourd'hui recouvré
son lustre des premiers âges.
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