Des fouilles archéologiques
initiées dans les années 1980 ont permis de
mieux connaître l'histoire du site de Boscherville.
Un fanum existait en ce lieu vers la fin du Ier siècle
av. J.-C. Il fut remplacé par une structure plus vaste
entre le Ier et le IIIe siècle apr. J.-C. Au VIIe siècle,
on transforma les vestiges en chapelle. Elle se trouvait au
centre d'une vaste nécropole.
C'est vers 1050 que
Raoul de Tancarville, chambellan du duc de Normandie Guillaume
le Conquérant (1035-1087), décida d'implanter
un collège de chanoines sur le site de ce petit oratoire,
probablement déjà consacré à saint
Georges. On agrandit considérablement l'édifice
premier et le plan au sol de l'ensemble a été
mis au jour. Elle se situait au nord de l'actuelle abbatiale.
En 1113, le sire
de Tancarville jugea ses chanoines trop peu assidus aux prières
et aux tâches pieuses qui leur incombaient. Il décida
donc de les remplacer par des moines bénédictins.
Il fit pour cela venir de l'abbaye Saint-Evroult-d'Ouche une
dizaine de frères et un abbé. Les nouveaux occupants
des lieux entamèrent aussitôt la construction
d'un sanctuaire plus digne du statut de la richissime lignée
fondatrice. Puis vinrent le cloitre, la salle capitulaire
et les bâtiments conventuels. Boscherville n'accéda
cependant jamais à la notoriété et au
rang des autres hauts lieux monastiques de la basse Seine,
comme Jumièges,
Saint-Wandrille (Fontenelle) ou Saint-Ouen de Rouen. Ces établissements
beaucoup plus anciens possédaient en outre davantage
de reliques attirant les masses de pèlerins. La communauté
de Saint-Georges ne dépassa jamais la trentaine de
moines. L'ensemble architectural qu'elle légua à
la postérité reste néanmoins l'un des
jalons majeurs de l'architecture monastique en Normandie.
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Avec la guerre de
Cent Ans, puis les sanglantes guerres de Religion, Boscherville
amorça un déclin qui ne s'enraya jamais. Les
mauristes s'y installèrent en 1659, sans parvenir à
lui redonner son lustre d'antan. Une querelle opposa les réformateurs
aux anciens présents dans les murs avant leur arrivée.
Elle aboutit à une forme de partition de l'abbaye et
de ses dépendances. Il n'y avait plus que sept moines
dans les murs à la veille de la Révolution.
La dissolution de leur congrégation en 1790 sonna le
glas de l'entité monastique. L'abbatiale devint église
paroissiale et les autres bâtiments furent détruits
ou utilisés à des fins agricoles. Les jardins
servirent à la culture. Cette situation perdura jusqu'en
1987.
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