L'abbaye de Fécamp
est née durant la grande vague d'implantations monastiques
qui émaillèrent le VIIe siècle (Jumièges,
Fontenelle, Noirmoutier
). C'est une communauté
de moniales qui s'y installa, afin de parfaire l'évangélisation
de la région. La construction du sanctuaire débuta
vers 659 autour de la relique du Précieux Sang, confiée
selon la légende à la mer par Isaac, fils de
Joseph d'Arimathie, et venue s'échouer miraculeusement
sur les plages du Pays de Caux. Fécamp se rattache
donc à la lignée des sites mythiques intimement
liés au Graal.
Les Vikings dévastèrent
l'abbaye sans doute après le premier grand raid perpétré
dans la vallée de la Seine en mai 841. On dit que pour
échapper au viol et à la férocité
des barbares, les nonnes se mutilèrent volontairement
le visage. En vain
Le duc de Normandie Richard I, né
à Fécamp vers 932, décida en 990 de rétablir
une communauté religieuse dans l'ancien sanctuaire.
Des chanoines colonisèrent les lieux. Son fils Richard
II parvint à convaincre le réformateur Guillaume
de Volpiano, abbé de Saint-Bénigne de Dijon,
de l'aider à rétablir une communauté
monastique digne de ce nom. Peu après l'an 1000, Volpiano
arrivait à Fécamp avec une poignée de
moines clunisiens. Il y restaura la règle bénédictine
et jeta les bases de l'un des plus prestigieux monastères
de la Normandie médiévale.
Les ducs de Normandie,
jusqu'à Guillaume le Conquérant inclus (m. en
1087), aimaient résider à Fécamp. Le
palais ducal se tenait à quelques mètres de
la Trinité, dans l'enceinte même de l'abbaye.
Au XIe siècle donc, comme Rouen ou Bayeux, la cité
tenait un rôle de capitale. Une énorme forêt
s'étendait de la Côte d'Albâtre jusqu'à
la vallée de la Seine.
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En 1106, on décida
de reconstruire un sanctuaire plus grand, afin de mieux accueillir
les pèlerins sans cesse plus nombreux à venir
vénérer le Précieux Sang. En 1168, cette
église romane fut entièrement dévastée
par la foudre. Il n'en reste plus aujourd'hui que deux chapelles
rayonnantes visibles depuis le déambulatoire nord.
Une nouvelle église, de style gothique primitif cette
fois, fut édifiée. Elle était pratiquement
achevée dès le début du XIIIe siècle.
Fécamp joua
un rôle considérable durant toute la période
médiévale. Son école produisait des talents
de grande qualité. Elle bénéficia copieusement
de la faveur ducale et s'enrichit considérablement
après la conquête de l'Angleterre. Son scriptorium
jouissait également d'une grande réputation.
Son abbé passait généralement pour le
protecteur des jongleurs et des troubadours. Ceux-ci contribuèrent
largement à la renommée de l'établissement.
En 1649, les murs
de la communauté s'étaient nettement dégradés
et l'on fit appel à des moines de Saint-Maur pour rétablir
l'ordre et la règle bénédictine. Ce sont
les Mauristes qui édifièrent les actuels bâtiments
conventuels et qui réalisèrent au milieu du
XVIIIe siècle la façade classique de l'abbatiale.
Les derniers religieux furent éparpillés à
la Révolution.
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