L'abbatiale :
Commencée
au XIe siècle, elle adopte un plan très classique
en croix latine. Sa longueur totale est de 74 m hors d'uvre.
La nef romane atteignait 9 m de largeur dans l'uvre.
Sa façade occidentale est dominée par une belle
tour romane avec arcatures aveugles et baies cintrées,
comme on en retrouve sur d'autres grands édifices normands
contemporains (abbayes de Caen, Jumièges, ou Boscherville,
cathédrale de Bayeux). Une tour jumelle était
prévue à l'origine, mais ne fut jamais achevée.
Une verrière gothique a été percée
au XIVe siècle dans le pignon.
La nef romane possédait
deux collatéraux et huit travées. Elle fut éventrée
sur son flanc nord au XVe siècle, afin d'augmenter
la capacité d'accueil des fidèles. Cette partie
a vu l'adjonction d'une nef gothique assez remarquable. On
y accédait par un porche voûté à
la décoration raffinée. A la croisée
du transept s'élève une massive tour lanterne.
Masquée par une voûte au XVIIe siècle,
elle ne joue plus son rôle de puits de lumière,
si caractéristique des églises normandes. Elle
culmine à plus de cinquante mètres. Les deux
bras du transept, datés du troisième tiers du
XIe siècle, reçurent de splendides voûtes
d'ogives au milieu du XIIe siècle. Le bras sud comprend
une arcade qui donnait autrefois sur une chapelle latérale.
L'arc comprend une petite vingtaine de claveaux sculptés.
Leur interprétation et leur datation divisent aujourd'hui
encore les spécialistes. Certains avancent, dans la
lignée de Georges Priem, la réutilisation de
sculptures pré-romanes. D'autres, comme Lucien Musset,
penchent plutôt pour des réalisations de la fin
du XIe siècle. Certaines scènes sont indubitablement
religieuses (David et Goliath), d'autres guerrières.
Elles présentent également un curieux bestiaire,
thème récurent dans la sculpture romane. Le
chur roman de l'église est occupé par
un retable du XVIIIe siècle.
A noter la présence
d'une belle tribune gothique dans le bas de la nef.
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Les bâtiments
conventuels :
A propos de l'abbaye
de Montivilliers, Lucien Musset regrettait dans son deuxième
volume consacré à l'architecture romane en Normandie
(La Pierre-qui-Vire, Zodiaque, 1974) : " Des réfections
médiocres, un entretien très négligé,
un entourage fort dégradé concourent fâcheusement
à en détourner le touriste. Il serait pourtant
relativement aisé - sinon économique - de lui
rendre son ancienne qualité, notamment en curetant
et en ravalant les quelques beaux élément qui
subsistent des anciens logis conventuels [
] L'église
retrouverait ainsi un cadre digne d'elle et de l'immense ville
à laquelle elle se trouve de fait incorporée.
" La prière de l'éminent spécialiste
a été entendue, et l'ensemble complètement
restauré et aménagé (fin des travaux
en 2000). Le réfectoire du XIIIe siècle a été
aménagé en salle d'exposition. Il s'agit d'une
longue salle voûtée avec sept colonnes centrales
aux riches chapiteaux sculptés. Des fouilles menées
dans le cloître ont révélé la présence
passée de structures en bois. Le cloître a donc
été restitué dans cet esprit. Les bâtiments
postérieurs, tels le dortoir (XVIe siècle) ou
le logis de l'abbesse (XVIIIe siècle) ont fait l'objet
de tous les soins. La bibliothèque municipale Condorcet
a pris ses quartiers dans ce dernier, et dans les autres bâtiments
conventuels a été organisé un parcours
pédagogique consacré à l'histoire de
l'abbaye et à l'architecture religieuse normande au
Moyen Âge.
Charnier ou aître
de Brisgaret :
Il est à rapprocher
de l'aître Saint-Maclou de Rouen.
Construit au XVIe siècle, il s'agit d'une longue galerie
couverte d'une magnifique charpente en bois. Ses combles servirent
longtemps d'ossuaire. Il est décoré de nombreux
motifs allégoriques figurant la mort, dans l'esprit
des fameuses danses macabres, très répandues
dans l'art des XVe et XVIe siècles.
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